La bande de Gaza n’a connu aucun répit lors de la veillée de Noël. Tôt lundi, un bombardement de l’armée israélienne a fait 12 morts près du petit village d’Al-Zawaida (centre), selon le ministère de la Santé du Hamas. Dans la nuit, un bombardement à Khan Younès (sud) a fait au moins 18 morts, a-t-il ajouté dans un communiqué. Le centre du territoire a aussi subi une cinquantaine de frappes successives.
Le week-end a été particulièrement meurtrier dans cette langue de terre surpeuplée. Au moins 70 personnes ont été tuées dans une frappe israélienne dimanche sur le camp de réfugiés d’al-Maghazi, selon le gouvernement du Hamas.
Pas d’esprit de Noël
«Au milieu de la guerre, personne ne ressent l’esprit des fêtes», a soupiré Fadi Sayegh, un chrétien palestinien qui a passé le réveillon coincé avec sa dialyse dans un hôpital de Khan Younès (sud), où l’armée israélienne a intensifié ses opérations ces derniers jours. «Nous prions Dieu de mettre fin rapidement à cette guerre, de faire cesser ces massacres», a ajouté ce réfugié, séparé de sa famille restée dans la ville de Gaza.
Les bombardements et l’opérations terrestre israéliens ont fait 20.424 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des femmes, des adolescents et des enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas. Ils ont aussi forcé 1,9 million d’habitants à fuir leur domicile, soit 85% de la population selon l’ONU. En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, 293 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le début de la guerre.
L’attaque du mouvement Hamas le 7 octobre a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens. Ce jour-là, les commandos palestiniens, ont aussi enlevé environ 250 personnes dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël.
«Nous devons arrêter ces hostilités et tourner la page», a plaidé dimanche le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, venu célébrer Noël à Bethléem en Cisjordanie avec un keffieh noir et blanc autour du cou. Dans cette ville qui a vu naître Jésus, selon la tradition chrétienne, les célébrations de Noël ont été largement annulées par la municipalité palestinienne et la tristesse domine.
Face à la basilique de la Nativité, pas de crèche cette année, mais une allusion à l’hécatombe subie par les concitoyens de Gaza: Marie et Joseph sont représentés en statues grises, au milieu des décombres et derrière des barbelés. «C’est très difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple se meurt», a confié à l’AFP Nicole Najjar, étudiante de 18 ans.
À Rafah, dans le sud de Gaza, Israa Abou Al-Awf craque après une frappe dimanche sur le quartier résidentiel où elle est réfugiée. «Assez de souffrir! Arrêtons de faire souffrir ces enfants, arrêtons de leur imposer cet avenir douloureux», supplie cette femme de 27 ans à l’AFP. «Je vous le dis, Netanyahu, chaque enfant (...) grandira en voulant venger son père, sa mère, son oncle. (...) Une armée entière va se lever pour se venger à nouveau d’Israël, arrêtons cela !»
La situation humanitaire à Gaza reste désastreuse: la plupart des hôpitaux ont été mis hors service par les frappes israéliennes et dans les six prochaines semaines, l’ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d’insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu’à la famine, selon l’ONU. «La décimation du système de santé de Gaza est une tragédie», a déploré dimanche le chef de l’Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant l’acheminement «immédiat» et «à grande échelle» de l’aide humanitaire, celle-ci n’a pas connu d’augmentation significative. L’armée jordanienne a annoncé dimanche soir que ses forces aériennes avaient largué de l’aide à environ 800 personnes réfugiées dans l’église Saint-Porphyre, dans le nord de Gaza.
De leurs côtés, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours fin novembre, qui a permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens, exclusivement des femmes et des adolescents, ainsi que l’entrée à Gaza de convois d’aide humanitaire. Selon une source au sein du Jihad islamique, le chef de ce mouvement armé palestinien allié du Hamas est arrivé à la tête d’une délégation au Caire.
Des Palestiniens libérés après avoir été arrêtés dans la bande de Gaza ont affirmé à l’AFP avoir été torturés, ce que l’armée israélienne dément. «Ils nous ont menotté les mains derrière le dos pendant deux jours. Nous n’avons pas eu à boire ou à manger, ni été autorisés à se servir des toilettes, juste des coups, des coups», a affirmé, Nayef Ali, 22 ans. Le Hamas a appelé dimanche le Comité international de la Croix Rouge à enquêter sur ces arrestations.