Les Suisses tranchent sur le tournant énergétique du pays

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Les électeurs suisses décident ce dimanche le sort de la "stratégie énergétique 2050", un plan porté par le gouvernement afin de tourner progressivement le dos au nucléaire et accroître les subventions pour les énergies renouvelables.

Le 21/05/2017 à 11h20

Le texte, présenté sous la forme d'une révision de la loi sur l'énergie, vise une augmentation de la production des énergies vertes à 11.400 gigawatts d'ici 2035, indique-t-on auprès du ministère helvétique de l'Eau et de l'écologie. La consommation d'énergie annuelle devra être réduite de 43% par rapport à 2000 et celle d'électricité de 13%. Les voitures devront devenir plus propres et les bâtiments moins énergivores.

Le dernier sondage de l'institut Gfs.Bern a révélé, le 10 mai, que 56% des Suisses sont favorables à la nouvelle loi tandis que 37% s'y opposent. Quelque 7% des personnes sondées étaient indécises. L'écart s'est en fait réduit, car fin mars 61% des sondés se disaient encore pour le projet du gouvernement et 30% contre. La grande majorité des électeurs, appelés à se prononcer plusieurs fois par référendums chaque année, a choisi toutefois de voter par correspondance au cours des deux, trois semaines précédant l'élection. Quelques semaines après la catastrophe de Fukushima en 2011, la Suisse qui compte cinq réacteurs nucléaires produisant environ un tiers de l'électricité du pays, avait décidé de sortir du nucléaire à l'horizon 2034.

Le débat autour de la réforme énergétique s'est focalisé sur son coût pour les 8,5 millions d'habitants mais aussi sur les risques sur la suffisance énergétique. Le pays achète à l'étranger 75% de l'énergie dont il a besoin et sa facture pétrolière s'élève à 13 milliards de francs (11,9 milliards d'euros). S'agissant de la seule électricité, la Suisse a importé en 2016 pour la première fois plus de courant qu'elle n'en a exporté sur une année. Le comité référendaire opposé à la loi estime que la nouvelle "Stratégie énergétique 2050" coûterait 3.200 francs suisses (2.935 euros) de plus par an pour une famille de quatre personnes.

Il considère en outre que l'usage des énergies solaires et éoliennes, à la production moins uniforme que les énergies classiques, accroîtrait la dépendance de la Suisse vis-à-vis de ses fournisseurs. "La loi conduira à une hausse massive des prix de l'énergie, et privera la Suisse d'énergie adéquate et d'électricité fiable", a estimé Toni Brunner, chef de file de l'Union démocratique du centre (UDC, populiste), le parti d'opposition qui dirige la campagne. Pour la ministre de l'Eau et de l’écologie Doris Leuthard, la transition énergétique ne représenterait en moyenne pour les foyers suisses qu'un surcoût annuel de 40 francs suisses. "L'UDC prend en compte dans ses calculs la seconde phase de la stratégie qui n'est pas soumise au vote", a-t-elle déclaré dans une récente interview télévisée.

Le 21/05/2017 à 11h20