"Hier soir, l'hôtel Intercontinental (...) a été attaqué. L'attaque a été menée par cinq de nos moudjahidines en quête de martyr", a déclaré leur porte-parole, Zabiullah Mujahid, dans un communiqué diffusé par email.
Le commando avait fait irruption samedi soir dans ce lieu prisé des Afghans aisés et tiré à vue sur les clients et le personnel avant de se retrancher dans les étages avec des otages. Ils ont également mis le feu à l'hôtel. L'attaque n'a pris fin que plus de 12 heures plus tard, une fois tous les assaillants abattus.
Selon un bilan provisoire, six personnes ont été tuées - cinq Afghans et une étrangère dont la nationalité n'a pas été précisée. "L'attaque est terminée, tous les assaillants ont été tués, 126 personnes ont été secourues dont 41 étrangers", a annoncé le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najib Danish selon qui les assaillants étaient au nombre de quatre.
Le porte-parole taliban a affirmé pour sa part que l'hôtel était "plein d'envahisseurs américains et d'autres nationalités" et que l'attaque a tué des "dizaines" d'entre eux.
Le ministère de l'Intérieur avait auparavant accusé le réseau Haqqani, affilié aux talibans et soupçonné de longue date de liens avec les services secrets pakistanais. "Selon nos renseignements, l'attaque a été organisée par le réseau terroriste Haqqani qui bénéficie de sanctuaires hors de l'Afghanistan", selon un communiqué.
Le commando s'était introduit samedi peu après 21H00 (17H30 GMT) dans l'Intercontinental de Kaboul (propriété de l'Etat afghan et non de la chaine internationale éponyme), déclenchant une explosion avant d'ouvrir le feu au hasard.
L'électricité avait été coupée dans le quartier et l'hôtel, situé sur une colline de l'ouest de Kaboul, plongé dans l'obscurité toute la nuit à l'exception de hautes flammes qui s'échappaient du toit. Au cours de la nuit, les forces spéciales épaulées par des forces de l'OTAN ont repris progressivement le contrôle des étages.
"Je suis sorti, mais plus d'une centaine de mes collègues et amis sont toujours coincés entre la vie et la mort. Priez pour eux s'il vous plaît", a écrit sur Facebook un client rescapé, Aziz Tayeb. Sur Twitter, des proches angoissés demandaient des nouvelles des leurs séjournant dans l'établissement. De Washington, le département d'Etat appelait à signaler l'éventuelle présence d'Américains.
Selon un voisin de l'hôtel, Abdul Sattar, qui a joint des membres du personnel amis, "les assaillants sont arrivés par le couloir pendant le dîner. Puis ils ont forcé les chambres, pris des otages avec eux et ouvert le feu sur certains d'entre eux".
Plusieurs fortes explosions ont été entendues peu après 04H30 (00H00 GMT) après une relative accalmie. Puis le jour s'est levé sur la façade en partie noircie du bâtiment.Un comptable de l'hôtel qui a pu s'échapper grâce à sa bonne connaissance des lieux a affirmé à l'AFP que "les gardes se sont sauvés sans combattre, ils n'ont pas riposté, ils n'avaient aucune expérience".
Najib Danish a confirmé qu'une nouvelle compagnie privée avait pris début janvier en charge la sécurité de l'hôtel. L'Intercontinental de Kaboul, l'un des deux cinq étoiles de la ville, accueille fréquemment des mariages, des conférences et des réunions politiques. Sa terrasse illuminée dominant la ville est particulièrement prisée des classes aisées.
L'établissement, ouvert en 1969, avait déjà été visé en juin 2011 par une attaque des talibans qui avait fait 21 morts. Des mises en garde précises avaient été lancées depuis 48 heures concernant le risque d'attaques contre des lieux fréquentés par les étrangers. Ce qui avait conduit l'ONU et certaines ambassades à décréter l'état d'alerte.
La dernière attaque contre un grand hôtel, en mars 2014, avait visé l'autre cinq étoiles de Kaboul, le Serena. Neuf personnes avaient été tuées, dont un journaliste de l'AFP et sa famille.
Le reste de l'Afghanistan n'était pas épargné par la violence dimanche: au moins 18 policiers ont été enlevés et abattus dans la nuit par des insurgés talibans dans un village de la province septentrionale de Balkh, a déclaré à l'AFP le chef adjoint de la police, Abdul Raziq Qaderi.
Et à Herat (ouest), au moins 8 civils ont péri dans l'explosion de leur véhicule du fait d'une mine attribuée aux talibans, selon des responsables locaux.