Londres et Téhéran rouvrent leurs ambassades

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Le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond a rouvert dimanche 23 août, l'ambassade de son pays à Téhéran, fermée depuis près de quatre ans après avoir été saccagée par des militants hostiles au renforcement de sanctions contre l'Iran.

Le 23/08/2015 à 15h15

Cette réouverture marque "la fin d'un long voyage et le début d'un nouveau" entrepris par "deux grandes nations", a déclaré M. Hammond lors d'une cérémonie à l'intérieur de l'ambassade. Fermée aussi depuis novembre 2011, l'ambassade d'Iran à Londres devait également reprendre ses activités dimanche.

Selon M. Hammond, les relations entre les deux pays se sont "améliorées régulièrement" depuis l'élection du président iranien Hassan Rohani en 2013. "L'accord nucléaire historique du mois dernier a été une autre étape et a démontré le pouvoir de la diplomatie, conduite dans une atmosphère de respect mutuel, pour résoudre les défis communs", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis toujours considérés comme "le grand Satan"

Sa visite de deux jours est la première d'un chef de la diplomatie britannique en Iran depuis 2003. Elle intervient après celles du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, du chef de la diplomatie française Laurent Fabius et de la patronne de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui se sont pressés à Téhéran à la suite de la signature le 14 juillet de l'accord historique sur le nucléaire.

Les grands pays européens ont désormais tous une ambassade à Téhéran, mais les Etats-Unis et le Canada n'ont pas encore rouvert la leur. Malgré le réchauffement des relations, les Etats-Unis sont toujours considérés comme "le grand Satan" par l'Iran, en particulier par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei qui dénonce régulièrement "l'arrogance" de ce pays.

L'accord du 14 juillet entre l'Iran, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l'Allemagne prévoit de limiter au domaine civil le programme nucléaire iranien en échange d'une levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées à l'Iran depuis 2006. Lors de son séjour à Téhéran, M. Hammond va s'entretenir avec le président Rohani ainsi qu'avec avec son homologue Mohammad Javad Zarif.

Dimension économique

L'ambassade britannique avait été fermée en novembre 2011 après sa mise à sac par des manifestants favorables au régime du président iranien d'alors, Mahmoud Ahmadinejad, hostiles au durcissement des sanctions contre l'Iran liées à son programme nucléaire controversé. Elle sera dans un premier temps gérée par un chargé d'affaires, Ajay Sharma, mais un ambassadeur pourrait être désigné dans les prochains mois.

"Nous voulons d'abord nous assurer que l'accord nucléaire est un succès, notamment en encourageant le commerce et les investissements une fois que les sanctions seront levées", a déclaré Philip Hammond qui est accompagné de plusieurs responsables économiques.

"Le Royaume-Uni et l'Iran doivent également être prêts à discuter des défis que nous affrontons tous deux, dont le terrorisme, la stabilité régionale, l'expansion de l'(organisation) Etat islamique en Syrie et en Irak, la lutte contre le trafic de drogue, et les migrations", a poursuivi le ministre britannique.

Avec l'élection du président modéré Hassan Rohani en juin 2013 et la reprise des négociations sur le nucléaire à la fin de la même année, les relations entre Téhéran et Londres se sont peu à peu réchauffées. En février 2014, les deux pays avaient décidé de normaliser leurs relations en hissant symboliquement leur drapeau national sur leurs représentations respectives, et Londres avait fait savoir que les circonstances étaient "réunies" pour rouvrir son ambassade.

Les pays occidentaux, qui avaient très fortement limité leurs relations commerciales et économiques avec l'Iran à cause des sanctions, espèrent renouer rapidement avec ce pays pour être présents sur un marché de près de 80 millions d'habitants. Le pouvoir politique iranien encourage aussi la normalisation des relations avec l'Occident pour attirer des investissements internationaux dont son pays a fortement besoin.

Le 23/08/2015 à 15h15