Moscou continue à intensifier sa puissance de feu le Donbass. On y trouve, selon Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, les unités retirées de la région de Kharkiv (nord-est), les assaillants du siège de Marioupol (sud-est), les milices des républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk, les forces tchétchènes et des troupes mobilisées en renfort depuis la Sibérie et l'Extrême-Orient russe.
«Toutes les forces russes sont concentrées dans les régions de Lougansk et Donetsk», a affirmé M. Gaïdaï sur Telegram. Idem en matière d'armement. «Tout est concentré ici», a ajouté le gouverneur, y compris les fameux complexes antiaériens et antimissiles S-300 et S-400, équivalent des Patriot américains.
Point crucial de cette bataille du Donbass, Severodonetsk, dans la région de Lougansk, est sous le feu de Moscou «24 heures sur 24», s'est indigné M. Gaïdaï.
«Ils utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville» avec des bombardements aériens, des lance-roquettes multiples, des mortiers ou des chars qui tirent sur les immeubles, a-t-il ajouté.
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L'armée ukrainienne a annoncé dimanche sur Facebook au moins sept civils tués et huit autres blessés dans des bombardements sur 45 communes de la région de Donetsk.
Le sort de Severodonetsk ressemble à celui de Marioupol, qui présente aujourd'hui un paysage apocalyptique après plusieurs semaines de siège. Plusieurs quartiers ne sont qu'un enchevêtrement de tôles et de débris, de barres d'immeubles éventrées par les missiles et les obus.
Des centaines de milliers d'habitants ont fui. D'autres sont morts. Un bilan inconnu mais sans doute énorme.
Verdict«Que puis-je encore espérer? Que dire quand la maison est détruite, quand la vie est détruite?», dit Angela Kopytsa, ancienne puéricultrice de 52 ans rencontrée par l'AFP lors d'un voyage de presse organisé par le ministère russe de la Défense.
A Kiev, le verdict dans le premier procès pour crimes de guerre doit être rendu lundi. Un soldat russe de 21 ans est accusé d'avoir tué un civil de 62 ans qui poussait son vélo tout en téléphonant.
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Lors du procès la semaine dernière, Vadim Chichimarine s'est dit «sincèrement désolé» et a «demandé pardon» à la veuve de la victime, justifiant son acte par les «ordres» reçus à ce moment-là. Le procureur a requis la prison à vie.
Selon le Parquet ukrainien, le pays a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le 24 février, début de l'invasion russe.
Le président ukrainien poursuit, lui, sa tournée de visioconférence auprès des dirigeants du monde. Volodymyr Zelensky s'exprimera lundi devant le Forum économique mondial (WEF), qui se réunit de nouveau à Davos après deux ans de suspension due à la pandémie. Il devrait profiter de cette tribune pour appeler à davantage d'aides, financières et militaires.
Si cette intervention se fera sur écran, plusieurs dirigeants ukrainiens seront présents dans la station suisse, parmi lesquels le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba ou le maire de Kiev Vitali Klitschko.
Ces Ukrainiens ne rencontreront pas de Russes, exclus du WEF. La «maison russe» habituellement ouverte dans la ville pendant le Forum sera remplacée par une «maison des crimes de guerres russes», où seront organisés divers événements de soutien avec des personnalités ukrainiennes.
Face au gratin de l'économie mondiale, M. Zelensky pourrait aussi évoquer la volonté de Kiev d'adhérer à l'Union européenne, sujet qui divise les membres de l'UE.
Table des négociationsLe président polonais Andrezj Duda a en effet apporté dimanche son soutien à la candidature de l'Ukraine, lors de son discours devant le Parlement ukrainien, le premier pour un chef d'Etat depuis la guerre.
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«Il faut respecter» les peuples qui «versent leur sang» pour appartenir à l'Europe, a-t-il lancé, visant le président français Emmanuel Macron et sa proposition de «Communauté politique européenne», ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz opposé à l'octroi à l'Ukraine d'un «raccourci» dans l'adhésion à l'UE.
Le ministre français délégué aux Affaires européennes, Clément Beaune, a encore défendu ces positions dimanche, soulignant que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE prendrait «sans doute 15 ou 20 ans».
Les Russes se disent, eux, disposés à revenir à la table des négociations, faisant porter la responsabilité de l'arrêt des discussions sur Kiev.
«Pour notre part, nous sommes prêts à continuer le dialogue», a affirmé dimanche Vladimir Medinski, conseiller du Kremlin chargé des négociations avec Kiev, dans un entretien avec la télévision bélarusse. «Le gel des pourparlers a été entièrement une initiative de l'Ukraine», a-t-il ajouté, estimant que la balle était «dans leur camp».
Les deux belligérants avaient entamé des discussions après l'échec de Moscou à prendre Kiev. Celles-ci avaient toutefois fait long feu, malgré plusieurs rencontres en Turquie.