«Le sommet de Madrid va être un sommet pivot» pour le futur de l'Otan, a déclaré hier, mardi 28 juin 2022, le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg, à l'ouverture de cette réunion prévue de longue date mais dont les enjeux ont été démultipliés par l'invasion russe de l'Ukraine.
Invité à participer aux échanges, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprimera à deux reprises en visioconférence, alors que Kiev ne cesse de réclamer davantage de livraisons d'armes de la part de ses partenaires.
Les pays de l'Otan, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d'aide à Kiev, vont convenir à Madrid «d'un programme d'assistance complet à l'Ukraine pour l'aider à faire respecter son droit à la légitime défense», a promis hier Jens Stoltenberg.
«Il est extrêmement important que nous soyons prêts à continuer à apporter notre soutien parce que l'Ukraine fait face aujourd'hui à une brutalité que nous n'avions plus vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale», a-t-il exhorté.
Un message relayé par le président français Emmanuel Macron, qui a appelé l'Alliance à un «message d'unité et de force» à l'issue d'une rencontre du G7 en Allemagne, organisée en amont du sommet de l'Otan. «La Russie ne peut ni ne doit gagner» la guerre, a-t-il insisté.
De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson appellera ce mercredi tous les pays de l'Alliance à augmenter leurs dépenses militaires en réponse à l'invasion russe, afin de «rétablir la dissuasion et assurer la défense au cours de la décennie à venir», selon Downing Street.
Fin du veto turcAu-delà de l'Ukraine, la journée de ce mercredi doit être l'occasion pour l'Otan d'adopter son nouveau «concept stratégique», la première révision de sa feuille de route depuis 2010, qui devrait évoquer pour la première fois les défis posés par la Chine.
Elle sera également l'occasion de lancer le processus d'adhésion de la Finlande et de la Suède, qui ont décidé de rejoindre l'Otan en réaction à l'offensive lancée par la Russie en Ukraine le 24 février, rompant avec une longue tradition de neutralité.
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Cette adhésion était jusqu'à présent bloquée par la Turquie, membre de l'Otan depuis 1952, qui accusait notamment Stockholm et Helsinki d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'Ankara considère comme «terroriste».
Mais au terme de longues tractations en marge du sommet, la Turquie a donné hier soir, mardi, son accord à l'entrée dans l'Otan de ces deux pays nordiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant estimé avoir obtenu leur «pleine coopération» dans sa lutte contre le PKK.
«La politique de porte ouverte de l’OTAN» s'est soldée par «un succès historique», a salué Jens Stoltenberg. «L'accueil de la Finlande et de la Suède dans l'alliance les rendra plus sûres, l'OTAN plus forte et la zone euro-atlantique plus sûre», a-t-il insisté.
Dans un communiqué, le président américain Joe Biden a «félicité la Turquie, la Finlande et la Suède» pour la signature de cet accord.
«Alors que nous commençons ce sommet historique à Madrid, notre Alliance est forte, plus unie et plus déterminée que jamais», a-t-il déclaré.
Cet accord permettra aux pays de l'Otan d'afficher leur unité ce mercredi. Mais l'entrée formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 Etats membres de l'Alliance, est un long processus qui prend des mois.
«Cycle de la mort»Ce sommet de l'Otan survient alors que l'Ukraine continue sur le terrain de payer un lourd tribut à cause de l'invasion russe.
Les autorités ukrainiennes ont ainsi fait état mardi de plusieurs frappes meurtrières contre des civils, notamment à Lyssytchansk, ville jumelle de celle de Severodonetsk, située dans une poche de résistance ukrainienne stratégique dans le bassin du Donbass (est).
Ces frappes sont survenues au lendemain d'une attaque qui a ravagé un centre commercial bondé à Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, faisant au moins 18 morts et une quarantaine de disparus, selon les autorités ukrainiennes.
Ce bombardement est «l'un des actes terroristes les plus éhontés de l'histoire européenne», a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en demandant que la Russie soit désignée comme «Etat parrain du terrorisme» après cette frappe sur «une ville paisible».
Lors d'une intervention en direct mardi soir devant le Conseil de sécurité de l’ONU, il a suggéré l'envoi d'une commission d'enquête et réclamé une nouvelle fois que la Russie soit expulsée de son siège permanent.
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«Le cycle de la mort, de la destruction doit cesser. Pour le bien de l'Ukraine, de la Russie et du monde entier», a plaidé en début de réunion la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
Moscou, qui assure depuis le début de la guerre vouloir «démilitariser» et «dénazifier» son voisin, a cependant exclu hier, mardi, d’interrompre son offensive tant que l'Ukraine n'aurait pas capitulé.
«Il faut ordonner aux soldats ukrainiens de déposer les armes et mettre en oeuvre toutes les conditions fixées par la Russie. Alors tout sera fini en une journée», a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.