Voilà déjà un mois que Abdelmadjid Tebboune est hospitalisé hors de son pays sans donner de ses nouvelles. Pourrait-il revenir un jour pour occuper son fauteuil de président? Dans quel état reviendrait-il? L’Algérie se demande où est son président sur tous les tons: du plus grave et succinct au plus sarcastique et prolixe…
Tout commence ce mardi 27 octobre quand les médecins de l’hôpital militaire de Ain Naadja auraient diagnostiqué au «Raïss» les symptômes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), causé par les complications dues au Covid-19. Evacué le lendemain dans un jet médicalisé de la société française Airlec Air Espace, Abdelmadjid Tebboune a d’abord été admis dans un hôpital à Cologne avant d’être transféré dans un autre établissement sanitaire à Berlin.
Lire aussi : Algérie: Tebboune fête son 75e anniversaire dans un état qui se détériore de jour en jour
Depuis, la présidence algérienne cherche par tous les moyens à rassurer le peuple. Le 15 novembre, elle a voulu faire croire que Tebboune a donné lui-même des instructions «concernant l'information de l'opinion publique sur l'évolution de son état de santé». Au final, son communiqué sibyllin, qui affirme que «le Président a achevé le protocole de soins prescrit et subit actuellement les examens médicaux post-protocole» est plus inquiétant que rassurant: aucune indication claire sur sa guérison définitive ou de son retour en Algérie et encore moins de date de reprise de fonction…
L’indécence de la présidence algérienne va jusqu’à prêter à des chefs d’Etat des propos qu’ils n’ont jamais tenus. Le 20 novembre, elle s’était fendue d’un communiqué, relayé par l’agence officielle APS, sous le titre «Merkel se réjouit que le Président Tebboune se soit remis de son infection au coronavirus».
En réalité, Angela Merkel a adressé au président algérien une lettre qui disait tout le contraire, comme l’a affirmé la diplomatie allemande à la presse algérienne. «Mes meilleurs vœux de force et de courage vous accompagnent pour la suite de votre convalescence», voilà ce que disait la chancelière allemande.
Lire aussi : L’état du président Tebboune se détériore, l’Algérie tremble
La désinformation qui entoure actuellement l’occupant du palais El Mouradia s’est exacerbée il y a deux jours quand, pour contrer des rumeurs relatives au décès de Tebboune, la présidence algérienne a donné un aperçu de l’étendue de son amateurisme affolé. Le conseiller en charge des relations étrangères à la présidence de la République, Abdelhafidh Allahoum, a donné une déclaration à média étranger, Russia Today, pour dire qu’il venait d’avoir un échange téléphonique avec le fils du président Tebboune, lequel lui a affirmé que l’état de santé de son père ne prêtait pas à inquiétude.
Passer par le fils du président pour rassurer le peuple algérien sur la santé du chef de l’Etat est une démarche surprenante, quasi-surréaliste, comme si la présidence algérienne ne voulait pas assumer la responsabilité de propos optimistes sur l’état de santé du président absent, alimentant du même coup les plus folles spéculations. La présidence algérienne a en effet le pouvoir et l’autorité morale pour obtenir, sans passer par un intermédiaire, des informations précises de l'équipe médicale en charge de soigner Tebboune.
Ce cafouillage n’est pas sans rappeler les premiers mois de maladie du prédécesseur de Abdelmadjid Tebboune. Souvenez-vous: en mars 2013, Abdelaziz Bouteflika avait eu un AVC, que les caciques du régime avaient voulu présenter comme un «accident ischémique Transitoire», précisant que c'était «sans gravité» et «sans séquelles». Il a fallu par la suite attendre trois mois avant de voir les premières images (sans son) du président pour se rendre compte de la gravité de son état. La suite des années Bouteflika, on la connaît… Celle de Tebboune, est encore à découvrir.