Manille a ordonné la réouverture d'une enquête pour viol, qui avait été classée au motif que l'agresseur présumé s'était marié avec sa victime mineure.
Ahmad Syukri Yusuf, âgé d'une vingtaine d'années, était accusé d'avoir violé l'an dernier cette adolescente de 14 ans et était passible de 30 ans de prison et de coups de fouet.
Mais un tribunal de l'Etat de Sarawak, sur l'île de Bornéo, a classé l'affaire la semaine dernière en prenant acte du mariage entre M. Yusuf et l'adolescente.
"Le ministère (...) interviendra pour empêcher ces mariages", a déclaré jeudi selon l'agence Bernama la ministre malaisienne des Femmes, de la Famille et du Développement des communautés, Rohani Abdul Karim.
"Une affaire de viol est toujours une affaire de viol. L'auteur d'un viol doit être condamné s'il est reconnu coupable. L'affaire ne peut être enterrée par un mariage."
Des ONG interrogées par l'AFP affirment que ce genre d'affaires n'est pas rare dans un pays conservateur à majorité musulmane où les familles de victimes préfèrent parfois que celles-ci épousent leur violeur plutôt que leur nom ne soit sali par la justice.
En 2013, un homme qui avait violé une fillette de 12 ans avait échappé à la prison en l'épousant, provoquant la plus grande indignation des associations. L'année suivante, la Haute cour avait cependant repris l'affaire et condamné ce père de quatre enfants à 12 ans de prison.
L'Organisation d'aide aux Femmes de Malaisie a salué la réouverture de l'enquête visant M. Yusuf. "Mais il faut continuer de demander à ce que le gouvernement interdise le mariage des enfants", a déclaré à l'AFP une responsable de cette association, Heang Lee Tan.
Pour pouvoir se marier, les Malaisiennes de moins de 16 ans doivent obtenir l'autorisation de tribunaux islamiques.