Les protestations, qui avaient débuté à Ottawa samedi 29 janvier, se sont étendues ce week-end à d'autres grandes villes canadiennes, tandis que des dizaines de poids lourds ainsi que des manifestants continuaient à paralyser le centre-ville de la capitale hier, dimanche 6 février 2022.
Le maire Jim Watson a annoncé dans l'après-midi avoir déclaré l'état d'urgence à Ottawa «en raison de la manifestation en cours».
Cette déclaration «reflète le grave danger ainsi que la menace à la sûreté et la sécurité des résidents posés par les manifestations continues et souligne le besoin de soutien de la part d’autres administrations et ordres de gouvernement», indique la mairie dans un communiqué.
Une telle mesure «offre également une plus grande souplesse au sein de l’administration municipale pour permettre à la Ville d’Ottawa de gérer la continuité des activités en vue d'assurer des services essentiels» aux résidents, précise-t-elle.
Plus tôt dans la journée, Jim Watson avait jugé «la situation complètement hors de contrôle, (à Ottawa) car ce sont les protestataires qui font la loi». Nous sommes en train de perdre la bataille, (...) nous devons reprendre notre ville», avait martelé le maire, jugeant «inacceptable» le comportement des protestataires qui obstruent les rues du centre ville et actionnent sans relâche les klaxons de leurs poids lourds.
La police d'Ottawa, critiquée pour n'avoir pas su prévenir la paralysie du centre de la capitale, a de son côté annoncé son intention d'empêcher le ravitaillement des protestataires, en carburant notamment. «Toute personne qui tenterait d'apporter un soutien matériel (carburant etc…) aux manifestants risque d'être arrêtée. Cette mesure est désormais en vigueur», a-t-elle averti dans un tweet.
Le mouvement, baptisé «convoi de la liberté», visait à l'origine à protester contre la décision d'obliger, depuis la mi-janvier, les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, mais il s'est rapidement transformé en mouvement contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et aussi, pour certains, contre le gouvernement de Justin Trudeau.
Les manifestants affirment vouloir poursuivre leur occupation tant que les restrictions sanitaires ne seront pas levées.
Lors d'une réunion d'urgence avec des élus municipaux, le chef de la police d'Ottawa Peter Sloly s'était plaint samedi de ne pas avoir de moyens suffisants pour mettre fin a ce qu'il a qualifié «d'état de siège» et a réclamé des «ressources supplémentaires».
La police d'Ottawa doit recevoir sous peu le renfort de quelque 250 membres de la gendarmerie royale du Canada (GRC) un corps de police fédéral.
Des mouvements similaires mais de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs grandes villes canadiennes samedi dernier, Toronto, Québec ou Winnipeg et se poursuivaient dimanche, à Québec notamment.
Dans la capitale de la province francophone, les manifestants étaient moins nombreux que samedi. Des organisateurs, se félicitant que leurs protestations aient été pacifiques, ont annoncé qu'ils quitteraient la ville dimanche soir, en promettant toutefois de revenir dans deux semaines, une fois que le Carnaval de Québec actuellement en cours serait terminée.
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Dans la matinée des organisateurs du mouvement à Ottawa avaient annoncé dans un «geste de bonne volonté», leur intention de faire cesser leurs concerts de klaxon pendant quelques heures hier, dimanche 6 février 2022, pour respecter le «jour du Seigneur».
Quelque 450 contraventions ont été distribuées depuis samedi matin, notamment pour bruit excessif ou usage de feux d'artifice, a indiqué la police d'Ottawa, précisant que des manifestants avaient eu pendant la nuit des comportements perturbateurs ou illégaux qui présentaient des risques pour la sécurité publique ou augmentaient la «détresse» des habitants de la ville.
Une centaine d'enquêtes pour délits en lien avec la manifestation ont également été ouvertes.
Des habitants d'Ottawa exaspérés du chaos provoqué le mouvement ont lancé un recours collectif de quelque 10 millions de dollars canadiens (7 millions d'euros) contre les organisateurs.