Distancé au premier tour de la primaire par Benoît Hamon, porteur d'un projet plus à gauche, cet Espagnol naturalisé Français, âgé de 54 ans, a lâché ses coups dans l'espoir de convaincre que "la victoire est possible", mais avec lui seul, face à la droite et l'extrême droite.
"Il ne s'agit pas seulement de faire rêver, il faut être crédible", a-t-il lancé à son adversaire dont il a pilonné la proposition de revenu universel, selon lui budgétairement "irréalisable", ou l'"ambigüité" vis-à-vis de l'islam radical.
Lors d'un ultime duel télévisé mercredi soir, celui qui se définit comme un "combattant" a toutefois adopté un ton plus conciliant, conscient de la nécessité d'éviter des fractures irrémédiables au sein de son camp en perspective du scrutin présidentiel.
De l'immigration au temps de travail, il a joué la carte de la transgression. "Je suis le candidat de la feuille de paie et je ne veux pas que Benoît soit le candidat de la feuille d'impôt", a-t-il résumé.
"Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique", lançait-il en 2014. Dès 2007, il voulait changer le nom du parti socialiste, dépassé selon lui.
Depuis le début de sa campagne, il a subi deux agressions physiques, des jets de farine et une claque, preuve pour certains des réactions épidermiques qu'il suscite parfois.
Né à Barcelone le 13 août 1962 d'une Suisse italophone et d'un artiste catalan, ce père divorcé de quatre enfants a épousé en 2010 une violoniste, Anne Gravoin: un atout glamour qui lui a ouvert le tout-Paris de la culture.
Après de brèves études d'histoire, il devient assistant parlementaire à 23 ans, puis jeune conseiller du Premier ministre réformateur Michel Rocard (1988-91), puis de Lionel Jospin (1997-2001).
En 2001, il est élu maire d'Evry, ville populaire et métissée au sud de Paris, puis député. Candidat à la primaire socialiste de 2011, il se fait éliminer au premier tour et se rallie au candidat François Hollande avec un rôle actif de porte-parole. Ce qui lui vaut d'être nommé ministre de l'Intérieur, une fois l'élection remportée.
A ce poste, il renforce son image d'homme à poigne, gagnant en popularité, parfois plus à droite qu'à gauche.
Son hyperactivité, sa communication très cadrée, ses ambitions, lui valent d'ailleurs d'être comparé à l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy, ce qui l'agace.
Ses yeux bleu métallique, ses réparties sèches, son vocabulaire guerrier, lui confèrent l'image d'un homme crispé, ombrageux. "Valls, c'est la gauche à coups de menton", ironise un socialiste.
Après la débâcle socialiste aux municipales de 2014, il remplace le discret Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les écologistes claquent la porte. Sans concession, il applique fidèlement la nouvelle ligne "pro-business" du président Hollande et soutient l'interdiction du "burkini" prônée par des maires de droite.
Pendant la primaire, il est souvent apparu sur la défensive, coincé entre sa volonté affichée de changement et la nécessité de défendre son bilan à la tête du gouvernement. Dans son camp, certains l'ont surnommé "Brutus", l'accusant d'avoir poussé l'impopulaire président Hollande à renoncer à briguer un deuxième mandat.
Soutenu par les ministres socialistes les plus influents, il juge être le seul capable de "rassembler tous les progressistes" pour éviter le "traumatisme" de la présidentielle de 2002, qui avait vu le second tour se jouer entre la droite et l'extrême droite.
Une entreprise délicate, face à une droite et une extrême droite au coude à coude, face aussi à la concurrence active du chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et du populaire Emmanuel Macron, "ni de gauche, ni de droite", partis en solo dans la course à l'Elysée.