Une mission sans précédent va impliquer le déploiement de bâtiments de guerre et d'avions de surveillance des armées européennes au large de la Libye, devenue la plateforme majeure du trafic d’êtres humains. Elle requiert un accord de l’ONU et ne sera véritablement lancée qu'en juin. Mais elle doit être formellement décidée ce lundi 18 mai par les 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE, après une réunion avec leurs homologues de la Défense.
L'UE, accusée de passivité, voire d'indifférence, est sous pression alors que les drames de l'immigration se succèdent en Méditerranée. Celui qui a ému toute l'Europe et a poussé ses dirigeants à agir est survenu dans la nuit du 18 au 19 avril. Il a coûté la vie à 800 personnes dont la majorité était enfermée dans la cale d'un chalutier qui a chaviré au large de la Libye. Réunis en urgence le 23 avril, les dirigeants de l'UE ont demandé une opération pour «capturer et détruire les embarcations» des passeurs venant de Libye avant qu'elles ne soient utilisées.
Toutefois, la mission navale est unanimement dénoncée par les ONG. Selon ses détracteurs, elle va seulement déplacer les routes empruntées par les passeurs. Même le procureur sicilien Giovanni Salvi, en première ligne contre les passeurs, est sceptique: détruire les bateaux des pêcheurs libyens risque de dresser la population contre les Européens, a-t-il mis en garde.
L'opération, intitulée EU Navfor Med, aura son quartier général à Rome et son commandant devrait être l'amiral italien Enrico Credendino. La France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont déjà promis de fournir des navires. La Pologne et la Slovénie engageraient des avions de surveillance ou des hélicoptères, selon des sources diplomatiques.
Pas question d'opérations militaires en territoire libyen, a assuré Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne. La mission consiste à traquer les bateaux utilisés par les passeurs armés pour tracter jusqu'en haute mer les embarcations de fortune chargées de centaines de migrants, ensuite laissées à la dérive.
Soucieux du «respect du droit international», les Européens demandent l'appui d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.