Le paradoxe est criant. L'offense aux Algériennes, aussi et surtout. "Au moment où Houda Feraoune, la ministre de la Poste et des technologies de l'information, lisait avec zèle le message du président Bouteflika en hommage aux femmes algériennes, la police procédait à l'embarquement des militantes féministes à Alger"!, a en effet relevé Le Matin d'Algérie.
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"Soyez belles et taisez-vous!". Tel est le message qui semble transparaître entre les lignes du communiqué du président Bouteflika, dont la phraséologie de circonstance a vite été démentie par l'interdiction du sit-in que les militantes féministes voulaient observer en plein coeur d'Alger. On savait que la liberté de se rassembler ou de manifester pacifiquement était interdite à Alger. Mais on pensait que les autorités algériennes allaient faire une exception le 8 mars, en laissant des femmes, oui des femmes, militer pour leurs droits. Nenni, ce régime, l'un des plus liberticides et des plus despotes au monde, a tellement peur que la moindre étincelle n'embrase un pays au bord du gouffre que même la voix des femmes lui fait peur.
"Il manquait cette prouesse au tableau des autorités en place, elles l'ont désormais réalisée. Louer les femmes dans les salons et les embarquer dès qu'elles tentent de se rassembler dans la rue... Quel affront!", s'insurge notre confrère. Et comme pour enfoncer le clou, il assène: "la date du 8 mars n'a pas évité aux féministes d'être interdites de rassemblement aujourd'hui à Alger. Dès le matin, les services de sécurité se sont déployés tout autour de la grande poste. Dès leur arrivée, les militantes de l'association ont été empêchées par la police de tenir leur rassemblement. Nous avons appris par ailleurs que certaines d'entre elles ont été interpellées"!
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Venant d'un régime illégitime, de surcroît liberticide, cet agissement semble banal en "République algérienne démocratique et populaire"! Mais ce qui ne l'est pas, est que cela arrive aux Algériennes ou, pour reprendre le terme précis, aux "Moujahidates", qui ont eu droit à un hommage particulier de la part du président, au détriment des autres Algériennes qui auront eu le tort de ne pas faire partie de la génération de monsieur le président!
Cela a quand même le mérite d'édifier le commun des Algériennes et des Algériens sur le degré de mépris que le régime légué par Mohamed Boukharrouba, alias Houari Boumediene, dont Bouteflika se veut l'héritier, continue de nourrir le présent et l'avenir du peuple algérien frère. Aux yeux de ce régime, vestige de la pourtant défunte guerre froide, la "légitimité historique", vraie ou supposée l'être, passe avant tout. Même avant les femmes, qui ne sont pas épargnées non plus par la chape de plomb répressive. Et pendant ce temps là, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, bat le pavé en compagnie du Polisario, tout en s'érigeant en chantre des droits de l'Homme. Honte à vous qui privez vos femmes du droit à la parole, même un 8 mars !