Après une attaque contre l’Iran attribuée à Israël le vendredi 19 avril, la communauté internationale appelle à la retenue, tandis les frappes aériennes israéliennes continuent dans différents secteurs de la bande de Gaza.
Au moins 10 personnes ont été tuées lors d’attaques aériennes israéliennes sur des maisons résidentielles dans la ville de Rafah. Les forces israéliennes poursuivent également leurs raids sur le camp de réfugiés de Nour Shams, à Tulkarem, en Cisjordanie occupée, et ce pour la deuxième journée.
Vendredi, avant l’aube, des explosions ont été entendues près d’une base militaire dans la région d’Ispahan dans le centre de l’Iran. Mais les autorités iraniennes ont minimisé l’impact des explosions et n’ont pas accusé directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.
Des drones ont été abattus mais «il n’y a pas eu d’attaque de missiles», a indiqué le porte-parole de l’agence iranienne de l’espace. Il n’y a «eu, jusqu’à présent, aucune attaque aérienne depuis l’extérieur des frontières contre Ispahan ou d’autres régions du pays», a-t-il ajouté.
Des médias aux États-Unis, citant des responsables américains, ont affirmé qu’il s’agissait d’une opération israélienne menée en riposte à l’attaque iranienne du 13 avril. Un haut responsable auprès du Congrès américain qui n’a pas souhaité être nommé a confirmé à l’AFP une attaque israélienne en Iran.
Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l’attaque a été menée par de petits drones. De son côté, le Washington Post, citant un responsable israélien ayant requis l’anonymat, a affirmé que l’attaque visait à montrer à l’Iran qu’Israël avait la capacité de frapper à l’intérieur de son territoire.
L’objectif de la «désescalade»
Les États-Unis «n’ont pas été impliqués dans une opération offensive» a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, soulignant que «l’objectif» de son pays était «la désescalade».
Signe de l’inquiétude croissante, l’ambassade américaine en Israël a ordonné à ses employés de limiter leurs déplacements dans le pays. Et l’ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs «précautions».
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait état de contacts avec l’Iran et Israël. «Nous avons dit aux Israéliens que l’Iran ne veut pas d’escalade», a-t-il précisé. «Il est grand temps d’arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient», a dit le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, cité par son porte-parole.
Pour Sanam Vakil, expert à Chatham House, «la contre-attaque d’Israël contre l’Iran (...) a été calibrée pour éviter des dommages et une nouvelle attaque iranienne». «Tant que l’Iran continue de nier l’attaque et d’en détourner l’attention et qu’aucune autre attaque n’est constatée, les deux parties ont pour l’instant la possibilité de faire baisser l’escalade», a-t-il fait valoir.
Gaza, Turquie, Washington
Les tensions entre Israël et l’Iran se déploient dans le contexte de la guerre en cours depuis plus de six mois dans la bande de Gaza. L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.012 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 76.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 469 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Outre le lourd bilan humain et les destructions dans la bande de Gaza, les quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU qui exhorte à l’entrée de plus d’aide humanitaire dans ce petit territoire.
Ismaïl Haniyeh en Turquie
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh est arrivé vendredi soir en Turquie, où il doit être reçu par le président Recep Tayyip Erdogan, au moment où le Qatar dit vouloir «réévaluer» son rôle de médiateur dans le conflit à Gaza.
Le Qatar, très impliqué dans la négociation d’une trêve entre le Hamas et Israël, menace de se retirer sous les critiques israéliennes et de certains hommes politiques américains. La Turquie, qui a des relations avec Israël et le Hamas, pourrait tenter de reprendre la médiation.
À Washington, la Chambre américaine des représentants va voter samedi sur un grand plan d’aide pour l’Ukraine, Taïwan et Israël, ce dernier devant recevoir 13 milliards de dollars d’assistance militaire.