L’ex-cheffe du gouvernement Myanmarais déchu Aung San Suu Kyi a été transférée de sa cellule de prison à une résidence surveillée, a indiqué une source militaire. Arrêtée par les militaires lors de leur prise du pouvoir par un putsch en 2021, elle purge une peine de 27 ans pour une série de condamnations pénales allant de la corruption au non-respect des restrictions relatives au Covid.
Une source militaire a déclaré que l’ancien président Win Myint, également emprisonné, avait lui aussi bénéficié d’un placement en résidence surveillée. Le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a fait savoir qu’une vague de chaleur avait incité les autorités à prendre des mesures pour protéger les détenus vulnérables.
«Non seulement Daw Aung San Suu Kyi et U Win Myint, mais aussi des prisonniers âgés ont reçu les soins nécessaires en raison des fortes chaleurs», a-t-il indiqué à l’AFP. La junte a également annoncé dans un communiqué l’amnistie de 3.300 prisonniers à l’occasion du Nouvel an myanmarais.
La température dans la capitale où Aung San Suu Kyi est supposée être détenue dans un complexe spécialement construit, devait atteindre 41°C mercredi, et un temps encore plus chaud est prévu pour les jours suivants.
Problèmes de santé
Les médias locaux ont rapporté qu’au cours de son procès, qui a duré plusieurs mois, Aung San Suu Kyi, 78 ans, avait souffert de vertiges et de vomissements. Son fils Kim Aris a déclaré en février qu’elle était toujours détenue dans un complexe pénitentiaire à Naypyidaw, la capitale bâtie par les militaires.
L’enfermement dans cette capitale isolée contraste fortement avec les années qu’Aung San Suu Kyi a passées dans le manoir familial en résidence surveillée sous la junte précédente, où elle est devenue une figure de proue de la démocratie connue dans le monde, lauréate du prix Nobel en 1991.
La femme politique reste très populaire au Myanmar (ex-Birmanie), même si son image internationale a été ternie par son accord de partage du pouvoir avec les généraux et par son incapacité à défendre la minorité musulmane des Rohingyas persécutée par la junte.
Le Myanmar est en proie à une rébellion depuis que l’armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi en 2021. Mais la junte fait actuellement face à la menace la plus grande de son histoire, subissant revers et lourdes pertes au cours des derniers mois. L’organisation locale Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) évalue à plus de 4.800 le nombre de civils morts depuis le début de la répression.