Niger: l’ultimatum de la Cedeao a expiré, l’espace aérien fermé

Des partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au Niger brandissent des drapeaux russe et nigérien lors d’une manifestation à Niamey, le 6 août 2023.. AFP or licensors

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont fermé l’espace aérien du pays «face à la menace d’intervention» armée, l’ultimatum ouest-africain exigeant le rétablissement du président renversé Mohamed Bazoum ayant expiré lundi à zéro heure.

Le 07/08/2023 à 06h59

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont fermé l’espace aérien du pays «face à la menace d’intervention» armée, l’ultimatum ouest-africain exigeant le rétablissement du président renversé Mohamed Bazoum ayant expiré lundi à zéro heure.

«Face à la menace d’intervention qui se précise à partir des pays voisins, l’espace aérien nigérien est fermé (...) jusqu’à nouvel ordre», indique dimanche soir un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, qui a pris le pouvoir).

Ce communiqué a été publié peu avant l’expiration, lundi à 00H00 heure de Niamey (dimanche 23h00 GMT), de l’ultimatum adressé le 30 juillet par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) aux militaires pour rétablir dans ses fonctions le président Bazoum, sous peine d’intervention armée.

Le CNSP précise que «toute tentative de violation de l’espace aérien» entraînera «une riposte énergique et instantanée». Il affirme également qu’un «prédéploiement pour la préparation de l’intervention a été faite dans deux pays d’Afrique centrale», sans préciser lesquels. «Tout État impliqué sera considéré comme cobelligérant», ajoute-t-il.

«À bas la France»

Dimanche après-midi, quelque 30.000 partisans du coup d’État, dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey. «Aujourd’hui c’est le jour de notre véritable indépendance!», criait un jeune homme, la foule autour de lui lançant des «À bas la France, à bas la Cedeao!».

Le coup d’État a été condamné par l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso, également arrivés au pouvoir par des coups d’État en 2020 et 2022.

La perspective d’une intervention armée suscite inquiétudes et critiques. Samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cedeao avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1.500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à «renforcer l’option politique et diplomatique».

«Il faut empêcher le scénario catastrophique d’une guerre», a alerté de son côté un collectif de chercheurs, spécialistes du Sahel, dans une tribune publiée samedi dans le quotidien français Libération. «Une guerre de plus au Sahel n’aura qu’un vainqueur: les mouvements jihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des États», écrivent-ils.

De nombreux résidents de Niamey -fief de l’opposition au président déchu- espérent ne pas avoir à vivre une intervention militaire. «Si la Cedeao intervient, ça va encore aggraver la situation. Mais les gens sont prêts et la population va soutenir les nouveaux dirigeants, parce que nous voulons du changement», assure Jackou, un commerçant de la ville.


Par Le360 (avec AFP)
Le 07/08/2023 à 06h59