Haladu Musa a fui vendredi soir le village de pêcheurs de Zabarmari pour se réfugier à Maiduguri, la capitale de l’État du Borno, située à une dizaine de kilomètres de là. "Quand les combattants de Boko Haram ont pénétré en grand nombre dans le village autour de 20 heures, ils ont défié les soldats et les ont submergés", dit-il, racontant que les militaires "ont été contraints de se retirer".
Les habitants ont alors commencé à fuir le village, poursuit-il, mais Boko Haram s'est mis à envoyer des femmes kamikazes qui se sont mêlées aux résidents en fuite et ont déclenché leurs explosifs en plein milieu d'eux. "Ce sont ces explosions qu'on a pu entendre de Maiduguri", précise Haladu Musa qui craint que de nombreux morts ne viennent s'ajouter aux quelque 200 personnes déjà abattues par Boko Haram depuis mercredi soir dans une série d'attaques commises dans le nord-est du pays.
"La plupart des victimes ont succombé aux attentats-suicides. C'est ce qui a provoqué ces énormes pertes", estime le fugitif. D'après lui, les islamistes ont ensuite "mis le feu à quasiment la moitié du village, dont le marché et les échoppes qu'ils avaient pillés auparavant". C'est alors que seraient arrivés des renforts militaires de Maiduguri.
"Les troupes ont repoussé les assaillants après une grosse fusillade. Maintenant, nous attendons l'évacuation des corps qui jonchent les rues du village", dit Haladu Musa. Danlami Ajaokuta, membre d'une milice privée qui assisté aux combats contre Boko Haram, évoque lui aussi un grand nombre de morts.
"Il y a eu un grand nombre de victimes lors de l'attaque de Zabarmari à cause des femmes kamikazes qui n'ont pas arrêté de se faire exploser parmi les villageois en fuite", confirme-t-il. "Notre première préoccupation est à présent d'évacuer et de soigner les blessés, puis de récupérer les cadavres dispersés partout dans le village", dit le milicien, selon lequel plus de 100 blessés ont déjà été transportés à l'hôpital. L'armée nigériane n'était pas joignable samedi pour fournir plus de détails sur ces événements.
En plein ramadan, le Nigeria, avec plus de 200 personnes tuées par Boko Haram en 3 jours, vit sa pire semaine depuis que le nouveau président, Muhammadu Buhari, a pris ses fonctions. La vague d'attaques, qui a débuté mercredi soir, a touché plusieurs villages de l’État de Borno, épicentre de l'insurrection islamiste, désormais affiliée au groupe État islamique.