Après avoir semblé ignorer largement l'épidémie apparue le mois dernier, les Chinois paraissaient prendre conscience du risque dans les grandes villes du pays, où beaucoup d'habitants revêtaient des masques respiratoires.
Un précédent bilan communiqué la veille faisait état de six morts, tous à Wuhan (centre), ville à l'épicentre de l'épidémie.
Lors d'une conférence de presse, le vice-ministre de la commission nationale de la Santé, Li Bin, a précisé que le virus avait été diagnostiqué auprès de 440 patients, alourdissant un précédent décompte d'environ 300 cas.
Le virus, qui se transmet par les voies respiratoires, "pourrait muter et se propager plus facilement", a-t-il averti.
Dans une pharmacie de Pékin, une employée était obligée d'expliquer aux clients qu'elle n'avait plus de masques ni de produits désinfectants à vendre.
"Les stocks sont à zéro à cause de ce qui se passe à Wuhan. Quand le nombre de cas s'est rapproché des 300, les gens ont réalisé que c'était grave", dit-elle.
Près de la moitié des provinces du pays sont touchées, y compris des mégapoles comme Shanghai et Pékin. Un cas a été décelé à Macao, capitale mondiale des jeux d'argent, où les employés de casinos devront porter des masques.
Les autorités redoutent que le virus puisse se propager à la faveur des longs congés du Nouvel an chinois, qui commencent vendredi, et donnent lieu chaque année à des centaines de millions de voyages en car, en train ou en avion dans l'ensemble du pays.
Relayant un appel du président Xi Jinping à "enrayer" l'épidémie, M. Li a annoncé des mesures de prévention telles que ventilation et désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux.
Des détecteurs de température corporelle pourront également être installés dans les sites très fréquentés, a-t-il annoncé.
Alors que des cas ont été confirmés ailleurs en Asie et aux Etats-Unis, un comité ad hoc de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) se réunit mercredi à partir de 18H00 GMT pour déterminer s'il convient de déclarer une "urgence de santé publique de portée internationale".
L'OMS n'a jusqu'ici utilisé ce terme que pour de rares cas d'épidémies nécessitant une réaction internationale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l'Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.
Le virus a été repéré en décembre à Wuhan, mégapole de 11 millions d'habitants, dans un marché de gros de fruits de mer et de poissons. On ignore encore son origine exacte ou la période d'incubation.
Des ventes illégales d'animaux sauvages avaient lieu dans ce marché, a déclaré devant la presse le directeur du Centre national de contrôle et de prévention des maladies, Gao Fu, sans pouvoir affirmer avec certitude si du gibier était à l'origine de l'épidémie.
Le maire de la ville a suggéré de ne pas se rendre à Wuhan si cela n'est pas nécessaire et aux habitants de ne pas quitter les lieux.
Ailleurs en Asie, Japon, Corée du Sud, Thaïlande et Taïwan ont annoncé des cas de maladie. Nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan ont renforcé les contrôles des passagers à l'arrivée, puisant dans leur expérience de l'épidémie du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003, un virus de la même famille.
Même la Corée du Nord, proche alliée de Pékin, s'apprête à fermer ses frontières à tous les touristes pour se protéger, selon une agence de voyages.
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l'homme (comme un rhume) mais aussi d'autres plus graves comme le Sras.
Zhong Nanshan, un scientifique chinois de la Commission nationale de la santé, a déclaré lundi que la transmission par contagion entre personnes était "avérée". C'était la première fois qu'une telle affirmation était faite publiquement.
Etant donné le petit nombre de contagions interhumaines rapporté, le potentiel de transmission dans les pays développés "devrait être faible", a commenté Paul Hunter, professeur de protection sanitaire à l'université d'East Anglia, mais à condition que les procédures de contrôle soient appliquées rigoureusement.
Sur 8.096 cas, le virus du Sras avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong, selon l'OMS. L'organisation internationale avait à l'époque vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l'alerte et tenté de dissimuler l'ampleur de l'épidémie.