Lundi déjà, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois avaient touché Kiev et d'autres villes d'Ukraine, faisant au moins 19 morts et 105 blessés et suscitant un tollé international.
Mardi, la Russie, qui a essuyé de nombreux revers militaires récemment, a poursuivi ses tirs, de moindre ampleur, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest ukrainien.
«Depuis ce matin, 28 missiles ennemis ont été lancés, dont 20 ont été abattus. Plus de 15 drones, principalement des drones d'attaque iraniens. Quasiment tous ont été abattus», a déclaré dans son allocution du soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, espérant «des progrès de nos partenaires sur la question des défenses antiaériennes et antimissiles».
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L'état-major ukrainien a signalé des frappes aériennes, de missiles de croisière et de lance-roquettes multiples russes sur plus d'une vingtaine de villes et villages dans tout le pays.
En réunion virtuelle avec le G7 dans la journée, Volodymyr Zelensky lui avait demandé de l'aider à créer un «bouclier aérien» au-dessus de l'Ukraine, prévenant que «le dirigeant russe, qui est en fin de règne, a encore les moyens d'une escalade», selon la présidence ukrainienne.
Déplorant dans un communiqué «la stratégie russe d'escalade délibérée», le G7 a condamné «de la façon la plus véhémente possible» ces «attaques aveugles contre des populations civiles innocentes» qui sont «un crime de guerre», promettant de «demander des comptes au président Vladimir Poutine».
PilonnagesLe G7 a également prévenu la Biélorussie que la création d'une force militaire commune entre Moscou et Minsk constituait «l'exemple le plus récent de (sa) complicité» avec la Russie dans la guerre contre l'Ukraine.
Minsk a assuré mardi que la force commune était «purement défensive». Seul allié de Moscou dans cette guerre, sans avoir envoyé ses troupes en Ukraine, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a justifié l'initiative en accusant Kiev de préparer une attaque contre son pays.
La ville ukrainienne de Zaporijjia (sud), pilonnée par les Russes ces dernières semaines, a essuyé mardi une salve de douze missiles S-300 sur des infrastructures «civiles», faisant un mort, selon les autorités ukrainiennes.
De nouvelles frappes russes ont touché la région de Zaporijjia en soirée, où «les terroristes russes (...) ont bombardé Orikhiv et Stepnoguirsk», faisant sept morts et sept blessés, selon la présidence ukrainienne.
Des bombardements ont aussi causé de «sévères destructions» sur des installations énergétiques dans la région de Dnipro (centre), privant de courant «de nombreux villages», selon le gouverneur régional.
Kiev a été épargnée. Mais l'opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance, «dès mardi» des coupures de courant régulières allaient affecter différents quartiers, au moment où l'hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d'eau, de chauffage et d'électricité.
Biden, Poutine et GrinerLe ministère russe de la Défense s'est félicité que ces «frappes massives» contre des «cibles de commandement militaire et du système énergétique de l'Ukraine» aient «atteint leur objectif».
Les bombardements ont été d'une ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones s'étaient abattus sur des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais également des sites civils.
Des représailles à l'attaque, «terroriste» selon Vladimir Poutine, qui a endommagé samedi le pont reliant la Russie à la Crimée (sud), péninsule annexée par Moscou en 2014. Symbolique et stratégique, ce viaduc routier et ferroviaire sert à l'approvisionnement russe dans le Sud ukrainien où Kiev mène une contre-offensive.
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L'attaque contre le pont est intervenue après une série de revers militaires russes dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine.
Joe Biden a estimé mardi que son homologue russe avait «fait une complète erreur de calcul» sur la résistance ukrainienne, pensant «être accueilli à bras ouverts». «Je pense que c'est une personne rationnelle qui a clairement mal évalué» la situation, a déclaré le président américain à la chaîne CNN.
Interrogé sur la possibilité de rencontrer le président russe au prochain sommet du G20, Joe Biden a dit n'en avoir «pas l'intention», tout en précisant que «cela dépend(ait)» de ce dont son homologue souhaite parler. Si Vladimir Poutine voulait parler de la libération de Brittney Griner, basketteuse américaine emprisonnée en Russie, «je le rencontrerais», a-t-il assuré.
Le président américain a en revanche affirmé refuser «de négocier quoi que ce soit avec la Russie sur le fait qu'ils restent en Ukraine, gardent une partie de l'Ukraine».
Dans l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, les autorités ont annoncé mardi avoir exhumé les corps de 78 civils dans deux villes récemment reconquises par les forces ukrainiennes.
Selon le bureau du procureur général d'Ukraine, certains corps présentaient des marques de «mort violente», deux étant calcinés, à Sviatorguirsk. A Lyman, 110 tombes ont été dénombrées, desquelles 44 corps ont été exhumés dans l'immédiat, dont ceux «d'un enfant d'un an et de toute sa famille».
L'Ukraine a accusé les forces russes de nombreuses exactions, découvrant à l'occasion de retraites russes les tombes de civils tués ou de victimes de torture ou d'exécution sommaire. Moscou dément systématiquement.
En Russie, Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a accusé mardi Kiev d'avoir bombardé une installation électrique à Chebekino, à sept kilomètres de la frontière, privant de courant «plus de 2.000 habitants» sans faire de victime.
Péril nucléaireA Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), Vladimir Poutine s'est entretenu mardi avec Rafael Grossi, patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le président russe s'est déclaré «ouvert au dialogue» au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée militairement par la Russie depuis mars, tandis que Rafael Grossi a réitéré son appel à y mettre en place «une zone de protection».
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«Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir un accident nucléaire», a-t-il exhorté dans un communiqué, pointant une situation «de plus en plus dangereuse (...) avec des attaques militaires fréquentes qui menacent la sécurité nucléaire».
Depuis des mois, Russes et Ukrainiens s'accusent de tirer dans la zone au risque de provoquer un accident nucléaire.
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a lancé un appel à un cessez-le-feu «dès que possible». Une rencontre entre Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan est prévue jeudi au Kazakhstan. Moscou comme Kiev estiment que la négociation est impossible.