Téhéran et trois pays européens -France, Allemagne, Grande-Bretagne- tentent de sauver un accord conclu en 2015 et censé limiter le programme nucléaire iranien, après le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 et le rétablissement de sanctions économiques américaines contre l'Iran.
Les tensions n'ont cessé d'augmenter entre Téhéran et l'administration du président Donald Trump qui a adopté depuis son élection une politique très hostile à l'égard de l'Iran accusé de chercher à se doter de l'arme atomique malgré ses démentis.
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Mais fin août, lors du G7 en France, le président français Emmanuel Macron et son homologue américain avaient évoqué la possibilité d'une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani.
S'adressant au Parlement, Hassan Rohani a expliqué qu'il y avait "peut-être (...) eu un malentendu" sur la possibilité d'une telle rencontre.
"Nous l'avons dit plusieurs fois et nous le répétons : aucune décision (n'a été prise) de tenir des négociations bilatérales avec les Etats-Unis", a déclaré Hassan Rohani, selon le texte de son discours au Parlement publié par le gouvernement.
"Par principe, nous ne voulons pas de négociations bilatérales avec les Etats-Unis", a-t-il ajouté.
Hassan Rohani a néanmoins indiqué que des discussions avec Washington pourraient avoir lieu, "comme par le passé" sur les questions nucléaires, dans le cadre du format "5+1", si les Etats-Unis lèvent leurs sanctions.
Le format 5+1 correspond aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Grande-Bretagne, Etats-Unis, France et Russie) plus l'Allemagne, soit les six pays qui avaient négocié l'accord sur le nucléaire iranien qui avaient mis fin à des années de tensions entre l'Iran et la communauté internationale.
Après le retrait américain de l'accord et le rétablissement des sanctions, qui privent l'Iran des retombées économiques qu'il attendait de ce pacte, Téhéran a commencé à se désengager de certains de ses engagements en vue de forcer les autres parties à l'aider à contourner les sanctions.
L'Iran a augmenté ses stocks d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l'accord et porté ses activités d'enrichissement à un niveau prohibé par ce texte (plus de 3,67%).
Ces dernières semaines, Emmanuel Macron a multiplié les efforts et tenté de convaincre les Etats-Unis d'alléger les sanctions qui paralysent les exportations de pétrole iranien.
"Si d'ici à jeudi ces négociations n'aboutissent à aucun résultat, nous annoncerons la troisième phase de réduction de nos engagements", a déclaré Hassan Rohani.
Il a toutefois réaffirmé que ces mesures étaient réversibles et que les négociations pourraient continuer après la troisième étape.
Cela aura lieu comme prévu "dans les prochains jours" à moins que les autres parties ne prennent une mesure "importante", a-t-il dit, rappelant que son pays voulait pouvoir vendre son pétrole à l'étranger.
L'Iran tire 80% de ses ressources en devises de la vente de pétrole ou de produits pétroliers. Le retour des sanctions l'isole presque totalement du système financier international et lui fait perdre la quasi-totalité de ses acheteurs de pétrole.
Ajoutant aux tensions, un pétrolier iranien, soupçonné de transporter 2,1 millions de barils de brut en Syrie, pays sous sanctions, a été arraisonné au large de Gibraltar début juillet. Autorisé à repartir mi-août, le tanker a disparu des radars depuis 16H00 GMT hier, lundi, 2 septembre, alors qu'il se trouvait face aux côtes syrienne et libanaise.
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Les Etats-Unis, qui souhaitaient un nouvel arraisonnement, ont dit avoir des "informations fiables" selon lesquelles sa destination est Tartous, en Syrie.
L'Adrian Darya 1 doit se décharger de tout ou partie de sa cargaison, afin d'être en mesure d'emprunter le canal de Suez pour regagner l'Iran, selon des experts. Pour eux l'hypothèse la plus plausible est un transfert sur un autre navire dans les eaux syriennes. L'Iran a affirmé avoir vendu le pétrole à bord du navire.
Avant cette affaire, les Etats-Unis avaient imputé à l'Iran des attaques et des actes de sabotage contre des pétroliers en mai et juin dans la région du Golfe, où Téhéran avait par ailleurs détruit un drone militaire américain.