Le Conseil de sécurité de l’ONU, y compris les États-Unis, a mis en garde Israël mercredi contre le vote d’une loi qui interdirait l’agence pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, au lendemain du même avertissement lancé par le chef des Nations unies Antonio Guterres.
Les relations entre l’ONU et Israël sont historiquement difficiles et exécrables depuis un an avec le secrétaire général Guterres, déclaré «persona non grata» par l’État hébreu. Depuis le début de la guerre dans la bande Gaza, Israël accuse l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens d’employer des «terroristes», sans toutefois présenter de preuves.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne ravagée par la guerre, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a, fait rare, prévenu qu’elle suivait «avec une grande inquiétude la proposition de loi israélienne qui pourrait modifier le statut juridique de l’Unrwa».
Elle a pointé le risque de mettre à mal la «capacité (de l’agence) à communiquer avec des responsables israéliens et de supprimer des privilèges et immunités diplomatiques dont jouissent les organisations et employés de l’ONU à travers la planète».
La diplomate américaine réagissait à un projet de deux textes de loi approuvé dimanche par la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien, qui ont pour but de mettre fin à l’activité et au statut de l’Unrwa dans les Territoires palestiniens occupés par Israël.
L’Unrwa (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East - Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) a été créée par l’Assemblée générale en 1949, peu après la naissance de l’État d’Israël.
«Colonne vertébrale» de l’aide humanitaire
L’Unrwa gère des centres de santé et des écoles à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Jordanie, et est considérée comme «la colonne vertébrale» de l’aide humanitaire internationale à Gaza.
La mise en garde à Israël a été unanime pour les 15 membres permanents et non permanents du Conseil. Dans la bande de Gaza, «la délivrance de l’aide ne peut être envisagée sans l’Unrwa», a prévenu l’ambassadeur français Nicolas de Rivière, appelant «Israël à renoncer aux projets visant à criminaliser les activités de l’Office et à fermer ses bureaux à Jérusalem-Est».
Mardi, Antonio Guterres avait annoncé avoir averti par écrit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de la «catastrophe» humanitaire que provoquerait une loi interdisant l’Unrwa, «indispensable» et «irremplaçable».
Son chef, Philippe Lazzarini, dans le collimateur d’Israël depuis des mois, a accusé devant le Conseil «des hauts responsables israéliens d’avoir fait de la destruction de l’Unrwa un but de guerre». «La loi pour mettre fin à nos opérations est prête pour être adoptée par la Knesset», a-t-il dit en dénonçant une «violation du droit international».
Pour l’ambassadeur de la Palestine, Riyad Mansour, l’Unrwa est «la plus belle réussite de l’histoire des Nations unies».
Neuf personnes qui travaillaient pour l’agence «pourraient avoir été impliquées» dans les attaques du 7 octobre 2023, selon une enquête de l’ONU rendue publique en août, alors que 13.000 y travaillent et que 226 ont été tués depuis un an par les opérations militaires israéliennes.