Le Premier ministre Shehbaz Sharif a déclaré qu'il s'agissait «des pires inondations de l'histoire du Pakistan» et estimé qu'au moins 10 milliards de dollars seraient nécessaires pour réparer les dégâts. «Je promets solennellement que chaque centime (d'aide internationale) sera dépensé de façon transparente. Chaque centime ira à ceux qui en ont besoin», a-t-il ajouté.
Selon le ministre de la Planification et du Développement, Ahsan Iqbal, «des dégâts massifs ont été causés aux infrastructures, en particulier dans les secteurs des télécommunications, des routes, de l'agriculture et des moyens de subsistance».
Ces pluies ont détruit ou gravement endommagé plus d'un million d'habitations et dévasté de larges pans de terres agricoles essentielles à l'économie.
Les autorités et les organisations humanitaires éprouvent des difficultés à accélérer l'acheminement de l'aide aux plus de 33 millions de personnes -un Pakistanais sur sept- touchées par les inondations, car les flots ont emporté nombre de routes et ponts, isolant totalement certaines régions.
Dans le sud et l'ouest, il n'existe presque plus d'endroit sec. Les déplacés s'entassent sur de grandes routes ou des voies ferrées en hauteur pour échapper aux inondations.
Dans les zones montagneuses septentrionales, les autorités tentent toujours d'atteindre des villages isolés, ce qui pourrait encore alourdir le bilan de 1.136 morts depuis le début de la mousson en juin.
Les victimes errent comme des spectres le long des rares zones sèches pour chercher un abri, de la nourriture et de l'eau potable.
«Pour l'amour de Dieu, aidez-nous», a plaidé Qadir, 35 ans, qui campe désormais avec sa famille près de Sukkur (sud), après avoir marché pendant trois jours pour arriver là. «Il ne reste plus rien chez nous, nous avons juste réussi à sauver nos vies.»
«Un grand océan»Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que leur pays subit les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.
«Voir la dévastation sur le terrain est vraiment ahurissant», a déploré lundi la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, évoquant une «crise aux proportions inimaginables».
«Littéralement un tiers du Pakistan est sous les eaux actuellement» soit plus que lors des inondations de 2010, quand 2.000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du pays submergé par les pluies de mousson, a-t-elle expliqué. «Tout n'est qu'un grand océan, il n'y a pas d'endroit sec d'où pomper l'eau. C'est devenu une crise aux proportions inimaginables».
La province du Sind (sud) est un horizon sans fin d'eau et le principal fleuve du pays, l'Indus, alimenté par d'innombrables cours d'eau venus du nord, menace de sortir de son lit.
Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.
Camps de fortuneCes inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, qui avait déjà sollicité l'aide internationale pour aider son économie en crise. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence et appelé la communauté internationale à le soutenir.
Il a lancé mardi avec les Nations unies un appel urgent aux dons de 160 millions de dollars pour financer un plan d'urgence pour les six prochains mois, d'abord destiné à fournir des services de base (santé, nourriture, eau potable, abris) aux 5,2 millions de personnes les plus touchées.
Le Fonds monétaire international (FMI) a donné lundi son accord à la reprise d'un programme de soutien financier, négocié de longue date et essentiel pour le pays, et annoncé le déblocage d'une enveloppe de 1,1 milliard de dollars.
Les Etats-Unis ont annoncé mardi un premier envoi d'aide humanitaire, d'une valeur de 30 millions de dollars. Des vols cargos ont commencé à arriver de Chine, de Turquie et des Emirats arabes unis.
«Le Pakistan est inondé de souffrances. Le peuple pakistanais est confronté à une mousson aux stéroïdes - l'impact implacable de niveaux de pluie et d'inondations est sans précédent», a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
Son porte-parole a annoncé qu’Antonio Guterres se rendrait dans le pays la semaine prochaine par «solidarité» avec les victimes.
Des camps de fortune sont apparus un peu partout -dans des écoles, sur des autoroutes, sur des bases militaires... -pour accueillir les déplacés.
A Nowshera, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), un collège a été transformé pour accueillir quelque 2.500 personnes, qui peinent à trouver nourriture et eau.
«Je n'ai jamais pensé que j'aurais un jour à vivre ainsi», a déclaré Malang Jan, 60 ans, dont la maison a été engloutie par les eaux. «Nous avons perdu notre paradis et maintenant nous sommes forcés de vivre une vie de misère.»