Le déplacement, qui l’amènera à Jérusalem et à Ramallah lundi et mardi après l’étape du Caire, a été programmé de longue date mais intervient au moment où, en quelques jours, la situation sécuritaire s’est soudainement dégradée.
Un attentat près d’une synagogue à Jérusalem-Est vendredi a fait 7 morts, tandis que l’armée israélienne frappait le même jour la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes en provenance du micro-territoire palestinien.
Et ce après un raid israélien jeudi à Jénine, en Cisjordanie occupée, le plus meurtrier depuis des années.
Un père et son fils ont été par ailleurs blessés par balles samedi par un adolescent de 13 ans, dans une nouvelle attaque palestinienne à Jérusalem-Est.
Face à ce regain de violence, M. Blinken doit plaider auprès des dirigeants israélien Benjamin Netanyahu et palestinien Mahmoud Abbas la nécessité de «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade», a assuré vendredi un porte-parole du département d’Etat, Vedant Patel, après que Washington eut condamné l’attaque «épouvantable» à Jérusalem-Est.
Le conflit israélo-palestinien risque fort aussi de dominer l’entretien avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Le Caire jouant historiquement un rôle d’intermédiaire auprès des Palestiniens.
Mais la marge de manœuvre du secrétaire d’Etat paraît limitée au-delà des appels répétés au calme, tant le conflit israélo-palestinien semble dans l’impasse.
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Des experts interrogés par l’AFP ne s’attendaient pas d’ailleurs à de percées notables sur la capacité de Washington d’influer sur le cours des évènements, même si les Etats-Unis devraient à nouveau marteler leur soutien à la solution des deux Etats israélien et palestinien.
«Je pense que le mieux qu’ils puissent obtenir c’est que les choses se stabilisent afin d’éviter une répétition de mai 2021», assure Aaron David Miller, ancien négociateur américain et expert à la Fondation Carnegie pour la paix internationale de Washington, faisant référence à la guerre à Gaza.
Ghaith Al-Omari, expert du Washington Institute, estime que «cette visite ne signale aucun changement de la position américaine au regard du conflit israélo-palestinien» mais, prédit-il, «la conversation (avec Mahmoud Abbas) ne va pas être agréable».
Visites en cascade
La visite de M. Blinken en Israël traduit la volonté de Washington de renouer rapidement avec le Premier ministre revenant Benjamin Netanyahu, qui dirige à présent le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël.
Ses relations avec l’administration démocrate du président Joe Biden ont été notoirement tendues, notamment sur le nucléaire iranien, mais le fait que toute résurrection de l’accord de 2015 soit actuellement dans les limbes devrait faciliter le dialogue.
Elle intervient après celle du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, qui avait assuré le Premier ministre israélien du soutien des Etats-Unis.
«Je n’ai jamais vu autant de visites à un tel haut niveau sous quelque administration que ce soit», souligne Aaron David Miller.
«C’est sans précédent», ajoute-t-il, évoquant une possible venue en préparation de M. Netanyahu à la Maison Blanche dès le mois de février.
«C’est un peu comme si on inondait la zone», renchéri un autre expert, David Makovsky, du Washington Institute, selon qui le directeur de la CIA, William Burns, s’est récemment rendu dans la région.
Lors de son déplacement, M. Blinken insistera sur «l’importance de maintenir le statu quo historique» sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.
La visite début janvier de ce lieu saint par la figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait suscité une vague de condamnations internationales.
Les accords d’Abraham, processus de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, devraient aussi figurer au menu des discussions, M. Netanyahu caressant l’espoir d’y rallier l’Arabie saoudite.
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Au Caire, M. Blinken devait aborder dimanche avec les autorités égyptiennes, outre le conflit israélo-palestinien, une série de questions régionales, y compris sur la Libye et le Soudan.
Washington entretient des relations cordiales avec l’Egypte, qui est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine, mais souvent teintées d’embarras sur la question des droits de l’homme.
Le chef de la diplomatie américaine doit d’ailleurs rencontrer au Caire des acteurs de la société civile et des militants des droits humains, a indiqué une haute responsable du département d’Etat, Barbara Leaf.