Pape François: «Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser»

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, applaudit alors que le pape François prononce un discours dans le jardin du Palais de la Nation, à Gombe, Kinshasa, le 31 janvier 2023.. AFP or licensors

Le pape François est attendu mercredi pour une messe géante à Kinshasa qui pourrait rassembler plus d’un million de personnes, au deuxième jour de sa visite en République démocratique du Congo (RDC).

Le 01/02/2023 à 07h33

Dès mardi soir, des fidèles affluaient vers l’aéroport de Ndolo, dans l’est de la capitale, pour veiller toute la nuit jusqu’à la messe en plein air présidée par le jésuite argentin à 09H30 (08H30 GMT).

«Je viens à la veillée pour pouvoir assister à la messe, car je n’ai pas l’habitude de me réveiller très tôt...», explique à l’AFP Franciane Sudila, 24 ans. Les fidèles ont été prévenus: à 07H30, les accès au site seront fermés.

«J’ai apporté un peu d’eau pour me débarbouiller et des habits de rechange pour demain», poursuit la jeune femme.

Alors que résonne de la musique religieuse et que la pluie semble menacer, Véronique Mapinzi se prépare elle aussi à passer la nuit à Ndolo, avec son bébé. «Je ne peux rater cette bénédiction du pape, c’est la raison pour laquelle je vais veiller avec mon enfant», dit-elle.

Patrick Kazadi, 31 ans, choriste à la paroisse Notre Dame de Fatima, est assis seul et écoute de la musique sur son portable. Il espère l’aide de «Dieu, par l’intercession du Saint-Père, dans cette situation de guerre dans laquelle» la RDC est plongée depuis des années.

Arrivé mardi dans la capitale du plus grand pays catholique d’Afrique, Jorge Bergoglio a dénoncé le «colonialisme économique» qui «se déchaîne» dans ce pays au sous-sol d’une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

«Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser», a lancé le pape devant les autorités et le corps diplomatique au palais présidentiel.

Quelques heures plus tôt, il avait été accueilli dans la liesse populaire avec clameurs, banderoles et drapeaux par des dizaines de milliers de personnes massées le long des grandes avenues de la mégapole de quelque 15 millions d’habitants.

Rencontre avec des victimes

Autre temps fort de cette étape à Kinshasa, le chef spirituel de l’Eglise catholique rencontrera mercredi après-midi des victimes de violences dans l’est du pays.

François devait initialement se rendre à Goma, dans le Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda en proie à de nombreuses violences et à la résurgence du groupe armé M23 qui a conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire.

Mais cette étape, qui figurait dans le voyage prévu en juillet 2022 puis reporté à cause des douleurs au genou du pape de 86 ans, a finalement été supprimée en raison des risques de sécurité, jugés trop importants.

L’est de la RDC compte des dizaines d’autres groupes armés, dont des rebelles islamistes qui prennent pour cible des civils.

Mardi, le pape a exhorté les Congolais à ne pas «glisser dans le tribalisme et la confrontation» et «encouragé les processus de paix en cours» afin que «les engagements soient tenus».

Il a aussi évoqué l’environnement, l’éducation, les problématiques sociales et sanitaires, des thématiques sur lesquelles il devrait revenir lors de ses prochaines prises de parole.

Mercredi en fin d’après-midi, le pape prononcera son troisième et dernier discours de la journée devant des représentants d’oeuvres caritatives.

Il s’agit du quarantième voyage international de François depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain. Après Kinshasa, il rejoindra vendredi Juba, capitale du Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde et parmi les plus pauvres de la planète.

Par Le360 (avec AFP)
Le 01/02/2023 à 07h33