Dans un communiqué, le site lanceur d'alertes a précisé qu'il mettait à disposition 30.287 documents de Sony Pictures Entertainment (SPE) et 173.132 emails de, et vers, plus de 2.200 adresses de SPE qui, selon lui, relèvent "du domaine public". "Ces archives montrent les rouages d'une multinationale influente. C'est digne d'intérêt, et au centre d'un conflit géopolitique. Cela appartient au domaine public et Wikileaks s'assurera qu'il le reste", a ajouté Julian Assange, le rédacteur en chef de Wikileaks.
Sony a fermement condamné la rediffusion de ces données, estimant que les informations personnelles ne relevaient pas du domaine public, et que Wikileaks poursuivait l'oeuvre des pirates informatiques qui ont nui aux employés de l'entreprise.
Ces données avaient déjà été mises en ligne en novembre dernier, après que SPE, filiale du groupe japonais Sony, eut été victime d'un piratage massif. Les données personnelles de 47.000 employés et tiers, dont des vedettes, avaient été volées, ainsi que des documents financiers, scripts, courriels, etc. Les pirates avaient exigé que Sony Pictures renonce à diffuser la comédie sur le leader nord-coréen Kim Jong-Un, "L'interview qui tue!", et la Maison Blanche avait accusé la Corée du Nord d'être derrière ce piratage, ce qui avait tendu un peu plus les relations entre les deux pays. Le film n'avait bénéficié finalement que d'une sortie limitée.
En révélant ces archives, le site a mis à jour les activités de lobbying du groupe et ses connexions avec le parti démocrate américain. On y découvre notamment le PDG Michael Lynton, dînant avec le président Obama, et des employés collectant des fonds pour les démocrates, notamment le gouverneur de New York Andrew Cuomo. "Le travail connu de Sony est de produire des divertissements. Mais les archives Sony montrent qu'en coulisses, c'est une société influente, ayant des liens avec la Maison Blanche (il y a presque 100 adresses email du gouvernement américain dans ces archives), avec une capacité d'influer sur les lois et les politiques, et avec des liens avec le complexe militaro-industriel américain", écrit encore Wikileaks.
Le scandale ayant suivi le piratage avait contraint à la démission en février de la patronne de Sony Pictures Amy Pascal, après la publication d'emails à caractère raciste qu'elle avait écrits sur Barack Obama.