Agé de 50 ans, cet héritier d'une fortune colossale a passé une partie de sa vie à l'étranger, notamment en Arabie saoudite où son père avait fait fortune.
Son entrée sur la scène politique s'est faite malgré lui: la famille lui a demandé de reprendre le flambeau de son père, Premier ministre assassiné le 14 février 2005 dans un attentat qui plongea le Liban dans la tourmente.
A ses débuts, ses détracteurs raillaient son arabe hésitant. Devenu avec le temps un acteur incontournable de l'échiquier politique, ce mordu de "selfies" a pris de l'assurance, adoptant souvent avec les journalistes un ton badin.
Dans un système confessionnel où le Premier ministre doit être sunnite, il est contraint depuis des années de composer avec le puissant Hezbollah. Car il n'a jamais réussi à limiter l'influence du mouvement chiite, seule faction libanaise à avoir gardé ses armes après la guerre civile (1975-1990).
Au Liban abonné aux crises politiques à répétition, M. Hariri a déjà dirigé trois gouvernements. Depuis son accession au pouvoir pour la première fois en 2009, il s'est peu à peu forgé une réputation d'homme de compromis.
Ironie du sort, c'est il y a quasiment un an jour pour jour qu'il annonçait sa démission, le 29 octobre 2019. Un soulèvement populaire inédit battait alors son plein contre une classe politique accusée, par sa corruption et son incompétence, d'avoir mené le Liban à sa perte.
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"Les gens disent que tous les partis sont responsables, y compris moi. Oui, nous sommes responsables", a-t-il récemment reconnu lors d'un entretien télévisé.
Détenteur de la nationalité saoudienne, Saad Hariri est licencié en économie de l'université américaine de Georgetown. Il a trois enfants avec son épouse syrienne Lara Bachir Azm.
Il bénéficie du soutien que Paris réserve de longue date au clan Hariri, depuis l'époque de son père et du président français Jacques Chirac.
Cheveux gominés plaqués en arrière et barbe clairsemée, M. Hariri troque parfois ses costumes aux couleurs sombres pour une tenue de sport, comme quand il participe au marathon de Beyrouth. Il aime cuisiner et organise souvent des dîners pour son entourage, selon ses proches.
A la tête du géant de la construction Saudi Oger --aujourd'hui criblé de dettes--, il est accusé d'avoir licencié ou cessé de payer des milliers d'employés: la baisse des cours du pétrole, principale recette de l'Arabie saoudite, a drastiquement réduit les grands projets de construction dans le royaume.
Il a annoncé fin 2019 la suspension de la chaîne Future TV, plus d'un quart de siècle après sa création par sa famille.
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Selon Forbes, sa fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars. Un sujet sur lequel il reste évasif. "Il est sûr qu'avant, j'avais plus que maintenant", a-t-il indiqué lors de son récent entretien télévisé. "J'avais des milliards, et maintenant je n'en ai même plus un seul".
En novembre 2017, il s'était retrouvé au coeur d'un feuilleton rocambolesque avec une démission choc de son poste de chef du gouvernement annoncée depuis l'Arabie saoudite, son allié traditionnel.
Il avait alors dénoncé la "mainmise" du Hezbollah et de l'Iran sur le Liban. Mais la classe politique à Beyrouth avait accusé Ryad de le retenir en otage et il avait dû compter sur une intervention de la France pour sortir de ce guêpier. En démissionnant, il avait affirmé: "Je sens que ma vie est visée", comparant la situation au Liban à celle qui prévalait avant l'attentat contre son père.
Cet assassinat avait poussé des milliers de Libanais à manifester pour réclamer un retrait de l'armée syrienne, présente au Liban depuis 29 ans.
Après le départ des troupes syriennes, le courant hostile au régime de Bachar al-Assad, emmené par M. Hariri, avait raflé les législatives de 2005 et de 2009.