Portrait. Né à Meknès, qui est Claude Sinké, l’assaillant de la mosquée de Bayonne?

La Mosquée de Bayonne.

La Mosquée de Bayonne. . DR

Il voulait venger l'incendie de Notre-Dame de Paris, qu'il attribue aux musulmans: ses voisins mais aussi la justice s'interrogent sur la santé psychique de l'octogénaire qui a avoué avoir tenté d'incendier la mosquée de Bayonne, dans le sud-ouest de la France.

Le 30/10/2019 à 12h01

Tireur fou ou auteur conscient d'un attentat? Le procureur Marc Mariée a indiqué mardi que Claude Sinké, 84 ans, serait présenté à un psychiatre après une audition qui "interroge sur son état de santé psychique".

M. Mariée affirmait être "en contact permanent avec le procureur national antiterroriste, qui attend les éléments qui seront réunis dans les heures à venir, afin de préciser s'il se saisit ou non de cette affaire". Le procureur est en revanche resté muet sur le passé de cet homme. De fait, on sait encore peu de choses de sa biographie.

Né à Meknès au Maroc en septembre 1935, son père avait été légionnaire, affirme à un correspondant de l'AFP Claude Paucton, ancien correspondant pour le journal Sud Ouest à Saint-Martin de Seignanx, ville où est domicilié Claude Sinké.

A propos de son engagement au parti d'extrême droite Front National (FN, devenu Rassemblement national), pour lequel Claude Sinké avait été candidat aux élection départementales de 2015, M. Paucton assure qu'il ne l'a "jamais vu faire campagne pour le FN". "Il n'y a jamais eu aucune réunion publique du FN à Saint-Martin. C'était une liste de farfelus qu'on n'a jamais vus faire campagne", dit-il. En 2014, sur la page Facebook, peu alimentée, de l'octogénaire, il parle de lui comme d'un "artiste", dit avoir "suivi les cours à l'école universelle de Paris pour une formation de chef de district à la SNCF" et se présente comme retraité "depuis ma cinquantième année".

Il est aussi l'auteur à la même date d'un livre, "La France à coeur ouvert ou la misère humaine", dont il dit qu'il aborde "quelques aspects des rapports entre les dominants et les dominés". Sculpteur, il était présenté en septembre 2014 par le quotidien régional Sud Ouest comme un artiste "inclassable et engagé", se disant inspiré par la crise économique mondiale de 2008 en ayant créé une sculpture de "misère humaine".

Selon ses voisins, il serait veuf, père d'un fils qu'il voyait peu, contrairement à un petit-fils, ou un neveu, qui lui rendait visite. S'il se dépeint lui-même sur Facebook comme "atypique et fantasque", il est décrit par ses voisins comme "glacial", "avec des obsessions" et au verbe "parfois assez violent". Pour Jessica, sa voisine de Saint-Martin-de Seignanx, "il est arrivé il y a à peu près un an et, depuis qu'il est là, c'est la galère, il n'a fait que nous poser des problèmes", dit la jeune femme à quelques journalistes, dont l'AFP.

"Il était glacial, colérique", raconte la trentenaire qui a assuré avoir installé une alarme chez elle par peur. Lundi soir, alors que la police fouillait la maison de l'octogénaire, les habitants de Saint-Martin-de Seignanx ne semblaient pas particulièrement surpris. "C'est quelqu'un qui avait des obsessions", expliquait à l'AFP Francis Giraudie, Premier adjoint de la commune.

Il y a peu, Claude Sinké avait adressé un courrier rageur à l'ordre des avocats de Bayonne et au procureur de Dax (dont dépend Saint-Martin-de-Seignanx). "Ce monsieur voulait porter plainte contre le président Emmanuel Macron, c'était assez confus, il y avait plein de motifs", dont "non application des droits de l'Homme", avait expliqué à l'AFP le bâtonnier de Bayonne, Me Teddy Vermote. "Moi ça ne m'étonne pas... ça fait plusieurs années qu'il perd la tête", disait une voisine en apprenant l'attaque contre la mosquée.

Le 30/10/2019 à 12h01