Né le 24 novembre 1941 dans la région de Tlemcen, près de la frontière marocaine, Bensalah est un fidèle de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par un mouvement de contestation massif.
Cacique du régime, dominé par le Front de libération nationale (FLN) depuis l'indépendance en 1962, il est à la tête du Conseil de la Nation -la chambre haute du Parlement- depuis 2002, soit trois ans à peine après le début de la présidence Bouteflika.
De taille moyenne, cet homme de 78 ans, au visage rond et à la chevelure argentée, représentait souvent ces dernières années, en Algérie ou à l'étranger, Abdelaziz Bouteflika, absent de la scène publique depuis un AVC en 2013. C'est lui qui occupait le siège de l'Algérie lors du sommet de la Ligue arabe à Tunis le 31 mars.
Député, ambassadeur, haut fonctionnaire ministériel, sénateur, il a multiplié les fonctions et présidé les deux chambres du Parlement, sans jamais devenir ministre. Un fonctionnaire du Conseil de la Nation l'ayant côtoyé le décrit comme un homme souvent jovial, mais capable d'une grande sévérité.
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Sans talent oratoire particulier, c'est un bon serviteur du système, décrit un homme politique ayant travaillé avec lui, qui attribue à sa discrétion, entretenue jusqu'à frôler l'effacement, sa longévité dans les allées du pouvoir. "Se rendre utile au moment opportun, c'est ce qu'il sait faire, lui qui ne s'exprime que rarement sur des questions liées à la gestion des affaires de l'Etat", écrivait de lui le quotidien francophone El Watan en 2015.
Abdelkader Bensalah n'a pas 18 ans quand il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), qui combat depuis 1954 l'armée coloniale française. A l'indépendance en 1962, il obtient une bourse et part étudier le droit à Damas, avant de rentrer en Algérie où il intègre en 1967 la rédaction du quotidien national arabophone El Chaab ("Le Peuple"), à une époque où l'Etat détient le monopole de la presse et des médias.
Après une carrière dans la presse etatique, notamment comme correspondant à l'étranger, il est élu député en 1977. Réélu deux fois, il préside pendant 10 ans la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse).
Ambassadeur d'Algérie en Arabie saoudite, de 1989 à 1993, il est ensuite porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
En 1994, il est élu à la tête du Conseil national de Transition (CNT), deuxième Parlement transitoire mis sur pied pour pallier l'absence d'Assemblée après l'interruption des législatives de 1991-1992, que s'apprêtaient à remporter le Front islamique du Salut (FIS).
Quatre ans plus tard, le Rassemblement national démocratique (RND) qu'il vient de contribuer, à créer remporte les législatives, propulsant Bensalah, réélu député, à la présidence de l'APN.
En 2002, nommé par le chef de l'Etat, au titre du "tiers présidentiel", au Conseil de la Nation, il en prend la présidence. Depuis, il a été systématiquement réélu tous les trois ans à ce poste qui lui confère la charge de l'intérim en cas de décès, démission, ou "empêchement" du président du fait d'une maladie grave et durable.
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Comme en 2013, lorsque l'hypothèse d'un intérim était évoquée lors de la longue hospitalisation à Paris du président Bouteflika, victime d'un AVC, une polémique sur ses origines est récemment réapparue.
Certains de ses détracteurs l'accusent d'être Marocain de naissance et d'avoir été naturalisé Algérien dans les années 1960, ce qui l'empêcherait d'assurer les fonctions présidentielles, même de façon intérimaire. Bensalah a toujours catégoriquement démenti.
Longtemps dans l'ombre, le voilà propulsé à la tête de l'Etat algérien pour trois mois.
Au cours de cette période, il va devoir organiser une présidentielle délicate, dans un pays théâtre, depuis plus d'un mois, d'une contestation inédite qui réclame le départ de l'ensemble d'un "système" qu'il sert avec dévouement depuis plus de 40 ans. "Dégage Bensalah!", scandaient encore mardi matin des centaines d'étudiants descendus dans les rues d'Alger.