Abdelkader Bensalah n’est qu’un pion dans ce jeu d’échecs savamment orchestré par le général Gaïd Salah pour s’imposer en tant qu’«homme providentiel» de l’Algérie. Ce dernier sait pertinemment que la nomination du président du Conseil de la Nation en tant que «président par intérim» va être rejetée par le peuple algérien, tellement le chef des sénateurs, homme de paille du désormais ex-président Bouteflika, est «démocratiquement» dépourvu de toute légitimité, tout autant que les deux chambres du parlement qui l'ont nommé, et dont les membres ont été plutôt désignés que réellement élus.
Mais passons, car là n’est pas la question.
Gaïd Salah est, depuis hier lundi 8 avril, en visite d’inspection dans la deuxième région militaire à Oran, où il est supposé superviser «un exercice de combat» mais surtout attendu pour un discours qu'il est censé adresser aux Algériens ce mardi 9 avril.
L’occasion pour ce Général retors de donner l’impression qu’il fait siennes les revendications du peuple algérien et, peut-être, marquer son opposition à la désignation d’Abdelkader Bensalah qu’il ne manquera certainement pas de déboulonner, autant qu’il le fera avec les deux autres «B»: Noureddine Bedoui, premier ministre, et Tayeb Belaïz (président du Conseil constitutionnel), aussi bien chahutés l’un que l’autre lors des marches millionièmes du peuple algérien.
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Mais attention! Il ne faut pas céder à ce jeu de pantins, ourdi dans les coulisses feutrées de l’état-major de l’armée pour tenter d’imposer son chef, le Général de corps d’armée Gaïd Salah, qui se revendique depuis peu «fils du peuple», après avoir traité les manifestants de «dévoyés» tout en menaçant de mater leurs manifestations sous prétexte que ces dernières faisaient le jeu des «ennemis extérieurs»!
C’est un secret de polichinelle: Gaïd Salah a des visées sur la présidence de l’Algérie. Des visées que ne peut escamoter ce jeu de chaises destiné à détourner l’attention du peuple algérien de sa principale revendication, soit le départ de tout le système mafieux, à sa tête le Généralissime Gaïd Salah.
Est-ce un hasard si, au centre des slogans arborés le vendredi dernier, figurait en bonne place celui appelant au départ de Gaïd Salah, et non seulement des fameuses trois «B»: Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Tayeb Belaïz?
C’est un non-sens que Gaïd Salah, qui défendait hier bec et ongles le clan Bouteflika, au grand dam du peuple algérien, veuille se faire passer aujourd’hui pour le «garant de la volonté populaire»! Il représente une partie du problème et, du coup, ne peut faire partie de la «solution» de la crise inédite que traverse aujourd’hui l’Algérie.
Dit autrement, le peuple algérien doit maintenir la pression pour imposer le départ de tout le système mafieux, à leur tête ce Général qui s’est forgé au fil de ses quinze ans à la tête de l’ANP la sinistre réputation d’avoir transformé l’état-major de l’armée en «ferme privée», au service des copains et des coquins!
Et dire que le général-fermier veut se porter garant de «la transition» de l’Algérie vers la démocratie!