Cette mesure écorne le système saoudien de "gardien masculin", qui assimile les femmes à des mineures toute leur vie durant en les soumettant à l'autorité arbitraire de leur mari, père ou autres parents mâles.
Décriées par les défenseurs des droits humains, ces restrictions ont été déjouées ces derniers mois par plusieurs jeunes saoudiennes qui, faussant compagnie à leurs "gardiens", ont fui à l'étranger de façon rocambolesque.
"Un passeport sera délivré à tout ressortissant saoudien qui en fera la demande", proclame un décret gouvernemental publié dans le journal officiel Umm Al Qura.
Selon le quotidien proche du gouvernement Okaz et d'autres médias citant des sources officielles, cette nouvelle règle signifie que toute Saoudienne âgeée de 21 ans ou plus va pouvoir obtenir un passeport et quitter le pays sans la permission de son "gardien".
Un autre journal progouvernemental, Saudi Gazette, a salué cette mesure comme "un pas de géant pour les femmes saoudiennes".
"Les rêves de certaines femmes ont été brisés à cause de leur impossibilité de quitter le pays pour (...) étudier à l'étranger, pour répondre à une offre d'emploi ou même pour fuir si elles le désiraient", a commenté sur Twitter la femme d'affaires saoudienne Muna AbuSulayman. "Ce changement signifie que les femmes sont sur la voie de prendre totalement le contrôle de leur destinée légale", s'est-elle félicité.
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Autre changement annoncé jeudi: les Saoudiennes pourront désormais déclarer officiellement une naissance, un mariage ou un divorce, et être titulaires de l'autorité parentale sur leurs enfants mineurs, des prérogatives jusqu'ici réservées aux hommes.
Ces réformes surviennent alors que l'Arabie saoudite est critiquée pour son comportement en matière de droits humains, notamment pour le procès en cours contre onze militantes s'étant élevées publiquement contre le système de "gardien masculin".
La plus célèbre de ces militantes, Loujain al-Hathloul, a eu 30 ans en prison cette semaine. Elle et plusieurs autres activistes, poursuivies pour des contacts avec des médias étrangers, des diplomates et des organisations de défense des droits humains, affirment avoir été torturées et harcelées sexuellement pendant leur détention.
La décision d'autoriser les Saoudiennes à voyager librement s'inscrit dans la série de mesures de libéralisation décidées par le prince héritier Mohammed ben Salmane, alias MBS, qui dirige de facto le royaume ultraconservateur.
La plus emblématique de ces réformes a été celle permettant aux femmes de conduire une voiture depuis juin 2018. Les femmes ont également été autorisées récemment à assister à des matches de football, et à accéder à des emplois autrefois strictement réservés aux hommes.
Si elles ont transformé la vie de nombreuses Saoudiennes, ces réformes sont toutefois insuffisantes aux yeux des critiques, qui soulignent que le système de "gardien masculin" est encore loin d'être aboli.
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Ces derniers mois, plusieurs affaires d'évasions à l'étranger de jeunes saoudiennes se déclarant victimes de violences de la part de leurs "gardiens" ont défrayé la chronique.
Début 2019, une Saoudienne de 18 ans, Rahaf Mohammed al-Qunun, a obtenu l'asile au Canada après avoir dans un premier temps été arrêtée à l'aéroport de Bangkok, d'où elle avait raconté ses péripéties en direct sur Twitter.
Deux soeurs saoudiennes de 18 et 20 ans, bloquées à Hong Kong depuis septembre 2018 après avoir fui leur famille dont elles dénonçaient le comportement abusif, se sont de leur côté réfugiées fin mars dans un pays tiers non communiqué.
En mai, deux autres soeurs saoudiennes de 25 et 28 ans ont également obtenu l'asile dans un pays non identifié après s'être réfugiées dans un premier temps en Géorgie.
De hauts responsables saoudiens se disent déterminés à lutter contre les abus du système de "gardien". Mais ils soulignent aussi que ce système ne pourra être démantelé que petit à petit afin de prévenir toute contre-offensive des milieux les plus réactionnaires au sein d'une société profondément patriarcale.