Selon une source gouvernementale saoudienne, les deux pays ont mis en place ce fonds commun à parts égales, de plus de 10 milliards de dollars, dans le cadre du méga-projet saoudien de zone de développement spéciale NEOM. Côté égyptien, la part consiste en un terrain loué à long terme dans le sud du Sinaï.
L'Arabie saoudite compte notamment investir en masse dans le tourisme au bord de la mer Rouge et prévoit de construire des attractions touristiques et des centaines de cités balnéaires. L'Égypte mettra l'accent sur le renforcement de l'attractivité de Charm el-Cheikh et Hurghada.
Déjà étroits, les liens économiques entre ces deux pays alliés sont amenés à se développer encore davantage, selon des responsables. "L'Arabie saoudite représente le premier investisseur arabe en Égypte", a affirmé Bassam Radi, porte-parole de la présidence égyptienne dans une interview à la télévision d'État.
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La visite de ben Salmane revêt un "aspect fondamental" dans la coopération économique et en termes d'investissements, a-t-il assuré. L'Arabie saoudite cherche par ailleurs à attirer des sociétés européennes de navigation et de tourisme opérant en Méditerranée durant l'été afin de les faire travailler en mer Rouge après la saison estivale.
Lundi matin, al-Sissi et le prince hériter saoudien se sont rendus près du canal de Suez, à Ismaïlia, où ils ont assisté à une conférence sur l'évolution des grands projets nationaux en cours dans la zone. Le président de la zone économique du canal de Suez, l'amiral Mohab Mamish, a évoqué devant les deux dirigeants les projets dans différents domaines allant de l'industrie de l'acier au secteur du tourisme, en passant par le raffinage du pétrole.
"La voie est ouverte pour créer des industries à l'intérieur de la zone", a-t-il déclaré. "Nous étudions les projets venant de toutes parts." La conférence, puis la visite d'un tunnel routier en construction sous le canal de Suez, ont été retransmises à la télévision publique entre des clips vidéos et chants à la gloire de l'Arabie saoudite et du roi Salmane, père du prince héritier.
Dans l'après-midi, le prince saoudien a rencontré Ahmed al-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar, cette influente institution de l'islam sunnite basée au Caire dont la mosquée historique est en cours de rénovation avec l'aide de fonds saoudiens. Il devait aussi rencontrer le pape de l'église copte orthodoxe Tawadros II.
Sur le front diplomatique, les deux pays partagent des intérêts stratégiques régionaux communs, notamment contre le Qatar qu'ils accusent de proximité avec l'Iran -ennemi juré de Riyad- et de soutien au terrorisme, ce dont Doha se défend. La rencontre entre les hommes forts des deux pays arabes alliés aux États-Unis intéresse Washington.
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Sissi a reçu dimanche, jour de l'arrivée de ben Salmane, un appel téléphonique de son homologue américain Donald Trump. Selon un communiqué de la Maison-Blanche, ils ont évoqué le "soutien irresponsable" de la Russie et de l'Iran au régime syrien. Honni par les Saoudiens et l'administration de Trump, Téhéran subit régulièrement les foudres des deux pays.
Arrivé dimanche soir, le prince héritier, qui cherche par ailleurs à transformer l'image de son pays ultraconservateur, devait également assister lundi à une pièce de théâtre à l'opéra du Caire aux côtés de al-Sissi, selon la presse locale. Sa visite intervient à trois semaines du premier tour de la présidentielle égyptienne, un scrutin que al-Sissi est assuré de remporter en l'absence d'adversaire sérieux.
Le puissant prince héritier saoudien est attendu en Grande-Bretagne mercredi et aux États-Unis du 19 au 22 mars. Il devrait également se rendre en France dans les prochaines semaines.