Au total, 21 personnes, en majorité des manifestants, ont été tuées dans des violences liées à ces manifestations, les plus importantes depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Des centaines d'autres ont été arrêtées.
Le 28 décembre, des centaines de personnes manifestent à Machhad (nord-est), deuxième ville du pays, ainsi que dans d'autres cités contre la hausse des prix, le chômage et le gouvernement. Selon des images vidéo diffusées par un média réformateur, les protestataires ont scandé "mort à Rohani", attaquant ainsi le président Hassan Rohani, et critiqué les engagements du gouvernement dans d'autres causes régionales plutôt que sur le front domestique.
Le 29 décembre, des centaines de personnes manifestent à Qom (nord), scandant notamment "Mort au dictateur" ou encore "Libérez les prisonniers politiques", selon des vidéos sur les réseaux sociaux. Le premier vice-président Eshaq Jahanguiri accuse des opposants d'être derrière la protestation. "Les dirigeants iraniens ont transformé un pays prospère (...) en un État voyou à la dérive", affirme la diplomatie américaine. Le lendemain, le président américain Donald Trump affirme que "les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais".
Le pouvoir mobilise le 30 décembre des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour marquer l'anniversaire du grand rassemblement pro-régime qui avait sonné en 2009 la fin de la contestation contre la réélection d'Ahmadinejad. Le ministre de l'Intérieur demande à la population de ne pas participer à des "rassemblements illégaux". Des dizaines d'étudiants rassemblés devant l'entrée principale de l'université de Téhéran sont dispersés par les forces de l'ordre avec des gaz lacrymogènes. Puis des centaines d'étudiants pro-régime prennent le contrôle du lieu.
Le 31 décembre, le ministre de l'Intérieur met en garde ceux qui "utilisent la violence". Ils "doivent répondre de leurs actes", dit-il. L'accès aux réseaux sociaux Telegram et Instagram sur les téléphones portables est de nouveau restreint. Les autorités accusent des groupes "contre-révolutionnaires" à l'étranger d'utiliser ces réseaux pour appeler les gens à manifester. Le président Rohani reconnaît que l'Iran doit fournir "un espace" pour que la population puisse exprimer ses "inquiétudes quotidiennes", mais condamne les violences. Des manifestants attaquent et parfois incendient, dans plusieurs villes, des bâtiments publics, des centres religieux, des banques et des voitures de police. Huit manifestants sont tués dans l'Ouest.
Le 1er janvier 2018, Rohani déclare que le peuple iranien répondra aux "fauteurs de troubles", qualifiant les protestataires de "petite minorité". Dans la nuit, neuf personnes sont tuées dans plusieurs villes de la province d'Ispahan (centre), dont six manifestants.
Le 2 janvier, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, accuse les "ennemis" de l'Iran de porter atteinte au régime. Le principal groupe réformateur, présidé par l'ex-président Mohammad Khatami, condamne les violences et la "profonde duperie" des États-Unis. Le président Rohani demande à son homologue français Emmanuel Macron de prendre des mesures contre les activités d'un "groupe terroriste" iranien basé en France et impliqué selon lui dans les manifestations. Téhéran accuse notamment les Moudjahidines du peuple d'alimenter les violences et d'être liés à l'Arabie saoudite. L'ONU demande que "les droits à se rassembler pacifiquement et à l'expression du peuple iranien soient respectés". L'ambassadrice américaine Nikki Haley demande des réunions d'urgence à l'ONU.
Le 3 janvier, des dizaines de milliers de manifestants pro-régime se rassemblent dans plusieurs villes. Munis de banderoles dénonçant les "fauteurs de troubles", les manifestants reprennent des slogans en faveur du guide suprême, mais aussi "mort à l'Amérique" ou "mort à Israël". Hassan Rohani dit espérer que les manifestations prendront fin "dans quelques jours", lors d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.