«Il est difficile d’imaginer quelque chose qui prouve (davantage) la faillite complète de telles institutions», a lancé dans son message du soir M. Zelensky.
«Il n’y a aucune forme de terreur que la Russie n’ait déjà exercée», a-t-il poursuivi, appelant à une «réforme des institutions mondiales, y compris du Conseil de sécurité de l’ONU».
Cette «réforme qui se fait évidemment attendre consiste à empêcher un Etat terroriste (...) de détruire le monde. Les terroristes doivent perdre, doivent être tenus pour responsables de la terreur et ne présider nulle part», a martelé Volodymyr Zelensky.
Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba avait auparavant qualifié de «gifle» donnée à «la communauté internationale» la présidence russe, des Occidentaux parlant quant à eux de «poisson d’avril».
«Les membres actuels» de l’organe exécutif de l’ONU doivent «contrecarrer toute tentative» de la Russie d’»abuser de sa présidence», avait exhorté M. Kouleba qui, déjà jeudi, avait fustigé cette «mauvaise blague».
«La Russie a usurpé son siège ; elle livre une guerre coloniale ; son président est un criminel de guerre recherché par la Cour pénale internationale pour enlèvement d’enfants», avait-il tempêté.
Lavrov aux commandes
Ces critiques de la part de Kiev n’ont pas empêché Moscou d’assurer que sa délégation à l’ONU ce mois-ci, pour succéder au Mozambique, serait bien dirigée par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
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«Un autre événement clé de la présidence russe sera le débat public de haut niveau du Conseil (de sécurité) sur “Un multilatéralisme efficace à travers la défense des principes de la Charte des Nations unies”. Cette réunion sera présidée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov», a même déclaré jeudi à la presse sa porte-parole, Maria Zakharova.
Elle a souligné que M. Lavrov comptait aussi présider une session de débats sur le Moyen-Orient le 25 avril.
Les soutiens diplomatiques de Kiev, en premier lieu les Etats-Unis, se sont rapidement élevés contre une telle position.
«Nous nous attendons à ce que la Russie continue à se servir de son siège pour propager de la désinformation et essayer de détourner l’attention de ses tentatives de justifier ses actions en Ukraine et les crimes de guerre que les membres de ses forces armées commettent», a commenté jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. «Un pays qui viole de façon flagrante la Charte de l’ONU et envahit son voisin n’a pas sa place au Conseil de sécurité».
Les pays baltes, fortement opposés à Moscou, ont quant à eux parlé samedi de «poisson d’avril».
«Le (jour du) poisson d’avril est un jour parfait» pour la Russie, a raillé le ministère lituanien des Affaires étrangères. «La Russie, qui livre une guerre brutale à l’Ukraine, ne peut diriger que le “Conseil de l’insécurité”».
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De son côté, la mission diplomatique estonienne à l’ONU a jugé «honteux et humiliant» que le Conseil de sécurité des Nations unies soit dirigé par la Russie, dont le président Vladimir Poutine est «un criminel de guerre avec un mandat d’arrêt permanent de la CPI».
«Pas essentiel»
A l’ONU, la Russie dit pour sa part faire face à «l’Occident collectif», qui l’a mise au ban des nations depuis le déclenchement de son offensive militaire en Ukraine en février 2022.
La première réunion du Conseil de sécurité sous l’actuelle présidence russe aura lieu lundi matin, mais il ne s’agira que de discussions habituelles à huis clos sur le programme de travail du mois.
Elle sera suivie, comme à l’accoutumée, d’une conférence de presse du nouveau président de cette instance, l’ambassadeur de Russie Vassili Nebenzia.
Il s’agit d’«une présidence tournante. C’est chaque mois, c’est une présidence courte et ce n’est pas essentiel comme une présidence du G20, du G7 ou de l’Union européenne où vous présidez six mois ou un an et où vous injectez votre propre ordre du jour», a à cet égard insisté un diplomate au Conseil de sécurité.
«En cas d’abus de la part de la présidence, nous réagirons, bien sûr. Ce n’est pas le sujet. L’important, c’est la guerre en Ukraine et de s’assurer que nous mettrons fin à cela», a-t-il ajouté.
Sur ce dernier point, Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron ont discuté par téléphone samedi des «efforts diplomatiques à mener pour un organiser un sommet sur la paix», selon la présidence française.
Volodymyr Zelensky a précisé sur Telegram que lui et son homologue s’étaient penchés «sur les prochaines étapes pour mettre en œuvre» son plan de paix en 10 points. «Nous avons coordonné les actions pour les prochains événements internationaux», a-t-il ajouté.
La présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies, Moscou l’occupait en février 2022, quand Vladimir Poutine avait ordonné à son armée d’envahir l’Ukraine - intervient une semaine après que le président russe a annoncé vouloir déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus, son seul allié diplomatique européen, renforçant les craintes des Occidentaux.