Sans profession connue, Penelope Fillon est visée par des accusations d'emplois fictifs lancées par l'hebdomadaire satirique le Canard enchaîné. En cause : 500.000 euros de salaires perçus comme assistante parlementaire de son mari puis de son suppléant alors que personne n'avait jusqu'ici entendu parler de cette activité.
Cette pratique n'a rien d'illégal, à condition bien entendu que l'intéressé(e) travaille réellement. Mais elle passe mal : 76% des Français veulent que les parlementaires aient interdiction d'embaucher tout membre de leur famille, selon un sondage publié vendredi.
Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire, notamment sur des soupçons de "détournement de fonds publics", et lancé ses investigations. Une perquisition a été menée à la "Revue des Deux Mondes", propriété d'un ami de M. Fillon, Marc Ladreit de Lacharrière, car l'enquête vise aussi des soupçons d'abus de biens sociaux : Mme Fillon y aurait été salariée pour environ 5.000 euros par mois.
Probablement pas. Au terme de l'enquête, le parquet peut classer sans suite le dossier ou, s'il estime avoir réuni des charges suffisantes, citer directement le ou les mis en cause devant le tribunal pour un procès, sans passer par une mise en examen (inculpation).
Si l'affaire requiert des investigations complexes, ou pour éloigner toute suspicion de manipulation politique, il peut aussi saisir un juge d'instruction. Difficile alors d'imaginer que des mises en examen interviennent avant l'ouverture de la campagne présidentielle, le 10 avril. Assurément. Les dégâts risquent d'être très lourds dans l'opinion pour celui qui avait fait de "la probité" son credo. "On ne peut pas diriger la France si on n'est pas irréprochable", clamait en novembre M. Fillon. Aujourd'hui, seuls 32% des Français le jugent "honnête", selon un sondage.
Ces révélations constituent un rude coup pour celui qui peinait déjà à faire décoller sa campagne après sa victoire écrasante à la primaire, accusé jusque dans son camp de porter un projet économique trop "radical".
Visiblement. Ebranlés, M. Fillon et son entourage ont fait preuve d'un certain flottement, avec des explications parfois contradictoires. Certains proches ont ainsi assuré avoir "souvent vu" Penelope Fillon travailler à l'Assemblée nationale, d'autres ne l'ont jamais aperçue...
Semblant anticiper d'autres "boules puantes", François Fillon a confié jeudi à la télévision avoir, quand il était sénateur de 2005 à 2007, "rémunéré pour des missions précises deux de (ses) enfants qui étaient avocats, en raison de leurs compétences". Problème : ni sa fille, ni son fils n'étaient alors officiellement avocats. "Imprécision de langage", a tenté d'expliquer son entourage.
Théoriquement non, mais... "La seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est (...) si j'étais mis en examen" (inculpé), a dit M. Fillon pour tenter de couper court aux interrogations. Dans les statuts de son parti Les Républicains comme dans la charte de la primaire de la droite, rien n'est prévu si le vainqueur de la primaire renonce à se présenter à la présidentielle ou... meurt.
Une nouvelle primaire? Irréaliste à moins de trois mois du premier tour, selon des ténors de son parti.
Un candidat de substitution simplement "désigné" ? Son ex-rival, Alain Juppé, a exclu "clairement et définitivement" d'être un recours, soulignant que M. Fillon était "notre candidat"... "à l'instant T"!
Stop aux "plans sur la comète", a exhorté samedi le président du Conseil national du parti. Ses soutiens misent sur le meeting de leur candidat dimanche à Paris pour relancer la campagne. Un espoir loin d'être partagé par tous : "Fillon va rester candidat mais il perdra", pronostique un député.