Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle, selon les premières estimations du premier tour publiées dimanche soir. Celles-ci placent le candidat d'En Marche! en tête, avec une légère avance sur la candidate FN, puis, au coude-à-coude, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon.
Favori de ce duel final, l'ancien ministre de l'Economie arrive en tête (23-24%), devant la candidate FN (21,6-23%), selon les estimations des instituts Ipsos, Harris Interactive et Elabe.
Selon ces mêmes estimations, au terme d'un match à quatre très serré, le candidat des Républicains François Fillon (19-20,3%) et le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon (19,5-20%) sont éliminés, arrivant au coude-à-coude pour la troisième place. Très loin derrière, vient le candidat socialiste Benoît Hamon, avec entre 6,1% et 7% des votes.
Ce scénario Macron-Le Pen rebat les cartes de la politique française: c'est la première fois sous la Ve République que la droite est absente du second tour, et la première fois qu'aucun des deux grands partis qui ont dominé la vie électorale depuis près d'un demi-siècle, Les Républicains (LR) et le Parti socialiste, n'y sont pas présents.
Jamais élu, Emmanuel Macron est désormais en bonne position pour emporter le scrutin suprême le 7 mai et devenir, à 39 ans, le plus jeune président de la République de l'Histoire, devant Louis-Napoléon Bonaparte.
Face à lui se dresse la candidate du Front national, qui réédite la performance de son père en 2002 en accédant au second tour, sans toutefois arriver en tête comme elle l'a longtemps espéré.
Mais il ne s'agit cette fois pas d'une surprise: sa qualification au second tour était prédite par tous les sondages sans exception depuis 2013.
Alors que les sondeurs anticipaient une abstention record, le scrutin a mobilisé: le taux de participation, en baisse d'un point seulement à 17H00, devrait avoisiner 78 à 81%, selon les estimations des instituts (contre 79,5% en 2012).
Election hors normes
Les estimations des instituts concernant les résultats sont toutefois moins certaines que lors des précédents scrutins, car le temps imparti pour les réaliser a été réduit avec la fermeture des premiers bureaux de vote à 19H00, au lieu de 18H00.
Vainqueur triomphal de la primaire de droite, M. Fillon a été grandement fragilisé par les affaires judiciaires, après la révélation fin janvier par Le Canard enchaîné de l'emploi soupçonné fictif de son épouse comme collaboratrice parlementaire, et pour lequel la justice l'a mis en examen.
Quatrième homme en 2012, avec 11,10% des voix, Jean-Luc Mélenchon pulvérise son score pour finir proche des 20%, principalement au détriment de Benoît Hamon, frondeur socialiste désigné lors d'une primaire face à l'ancien Premier ministre sortant Manuel Valls.
Mais il échoue à se qualifier pour la finale. Quant à Benoît Hamon, il crève le plancher du score éliminatoire de Lionel Jospin en 2002 (16,18%), et fait même le pire score d'un candidat socialiste depuis Gaston Defferre en 1969 (5,01%).
Cette 10e élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République peut être qualifiée de hors normes à plusieurs titres: un président sortant François Hollande pas en mesure de se représenter, une première depuis la mort en fonction de Georges Pompidou en 1974; l'élimination des favoris Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls, lors des primaires; un match serré dans la dernière ligne droite entre quatre candidats;un contexte de menace terroriste, avec un scrutin sous état d'urgence, instauré après les attentats de novembre 2015.
La mort jeudi soir d'un policier sur les Champs-Elysées porte à 239 le nombre de victimes d'attentats en France depuis l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015.
Cet attentat a bouleversé la fin de la campagne, la plupart des candidats annulant leurs derniers déplacements. Un hommage national au policier assassiné aura lieu mardi.
Dans une déclaration à l'AFP suite à ces résultats, Emmanuel Macron a affirmé: "On tourne clairement aujourd'hui une page de la vie politique française".
"Les Français ont exprimé leur désir de renouvellement. Notre logique est désormais celle du rassemblement que nous poursuivrons jusqu'aux élections législatives", a-t-il poursuivi dans une déclaration transmise à l'AFP.