Parmi les onze candidats en lice, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et la figure de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud ont les premiers glissé leur bulletin dans l'urne, respectivement à Yerres (Essonne) et à Pantin (Seine-Saint-Denis).
Parmi les près de 47 millions d'électeurs, tous n'avaient pas encore fait leur choix dimanche matin. Ainsi Marie, médecin de 51 ans, s'apprêtait à voter à Lille,"sans trop savoir pour qui". "J'y vais juste pour éliminer, parce que personne ne représente mes idées", a-t-elle dit à l'AFP.
A l'inverse, Philippe, chômeur de 39 ans, a pris sa décision il y a deux mois: "personne ne sort du lot par rapport aux perspectives d'avenir sauf un, mon candidat", déclare-t-il.
Plus de 50.000 policiers et gendarmes, avec le concours de 7.000 militaires de l'opération Sentinelle, sont mobilisés, trois jours après l'attentat ayant coûté la vie à un policier sur les Champs-Elysées.
Après la plupart des territoires ultramarins samedi, La Réunion et Mayotte à l'aube, le scrutin a débuté à 08h00 dans les 66.546 bureaux de vote de métropole. Ils resteront ouverts jusqu'à 19h00, une heure de plus que lors des présidentielles précédentes, et 20h00 dans les grandes villes. Cet horaire plus tardif rend incertaine, en cas de résultats serrés, la traditionnelle image télévisée affichée à 20h00 tapantes des deux finalistes.
La participation, s'annonçant faible pendant la campagne mais en hausse à l'approche du vote selon les sondages, sera scrutée de près. Dans l'Ouest parisien tôt dimanche, il fallait patienter parfois plusieurs dizaines de minutes pour voter.
"Votez!"
Dans le Journal du dimanche, qui affichait en Une "Votez!", des personnalités ont lancé un appel anti-abstention: l'ex-animateur Nicolas Hulot, la chanteuse Carla Bruni-Sarkozy, la patronne du FMI Christine Lagarde, l'écrivain Jean d'Ormesson et l'ancienne présidente du Medef Laurence Parisot.
Rendez-vous majeur de la vie politique française, la présidentielle suscite habituellement une participation d'environ 80% (79,5% en 2012). Exception notable: le 21 avril 2002, avec un record d'abstention (28,4%) et la qualification inédite au second tour du candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen.
Quinze ans plus tard, sa fille Marine Le Pen fait la course en tête dans les sondages avec Emmanuel Macron, suivis de deux poursuivants au coude à coude, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon (PS) est largement distancé dans toutes les enquêtes.
Sont aussi en lice Nicolas Dupont-Aignan, les trotskistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, le député béarnais Jean Lassalle, le vétéran Jacques Cheminade et le candidat du "Frexit" François Asselineau.
La fin de campagne a également viré au duel Macron-Fillon. L'ancien ministre de François Hollande s'est lancé dans un audacieux pari avec la création d'En Marche! et sa philosophie "et de droite, et de gauche", rallié par certains hiérarques socialistes - à commencer par Manuel Valls et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian -, par des anciens ministres chiraquiens et le centriste historique François Bayrou.
Vainqueur triomphal de la primaire de droite, M. Fillon a été grandement fragilisé par les affaires judiciaires, après la révélation fin janvier par Le Canard enchaîné de l'emploi soupçonné fictif de son épouse comme collaboratrice parlementaire, pour lequel la justice l'a mis en examen.
Quatrième homme en 2012, Jean-Luc Mélenchon a vu sa cote nettement progresser, principalement au détriment de Benoît Hamon, frondeur socialiste désigné lors d'une primaire face à M. Valls. Le PS craint le pire score de son histoire après l'élimination de Lionel Jospin au même stade en 2002.
Cette 10e élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République est hors norme à plus d'un titre: absence du président sortant François Hollande, une première depuis la mort en fonction de Georges Pompidou en 1974; qualification au second tour de la candidate d'extrême droite donnée pour sûre dans toutes les enquêtes depuis 2013; contexte de menace terroriste, avec un scrutin sous le régime de l'état d'urgence instauré après les attentats de novembre 2015.
La mort jeudi soir d'un policier tué sur les Champs-Elysées porte à 239 le nombre de victimes d'attentats en France depuis l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Le tueur est Karim Cheurfi, 39 ans, un Français déjà condamné à 15 ans de réclusion en 2005 pour tentatives de meurtre sur des policiers, mais qui n'était pas fiché S.