Après avoir visionné les 21 films en compétition, le jury se retire dans le plus grand secret, coupé des bruissements de la Croisette, pour délibérer.
Le verdict est attendu pour 20H30 (18H30 GMT) lors d'une cérémonie retransmise sur France 2 et la chaîne en ligne Brut. Le président du jury, le Français Vincent Lindon, tâchera de ne pas se prendre les pieds dans le tapis comme son prédécesseur Spike Lee qui, en 2021, révélait par mégarde la Palme d'or dès le début de la cérémonie.
A ses côtés, pour dessiner le palmarès de cette 75e édition, figurent notamment l'actrice et réalisatrice Rebecca Hall («Vicky Cristina Barcelona»), la révélation de «Millenium» Noomi Rapace, les réalisateurs Asghar Farhadi (Grand prix 2021 avec «Un héros»), Ladj Ly («Les misérables», prix du jury 2019) et Joachim Trier («Julie en 12 chapitres»).
Les jeux restent ouverts pour succéder à Julia Ducournau, la trentenaire qui avait secoué la Croisette et dépoussiéré la compétition l'an dernier avec «Titane».
Les chances de voir une troisième réalisatrice couronnée dans l'histoire du festival semblent minces: l'Américaine Kelly Reichardt n'a pas transporté son public avec «Showing Up», pas plus que la Française Claire Denis («Stars at Noon»). Et la marche semble un peu haute pour les jeunes talents Charlotte Vandermeersch et Léonor Serraille.
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Un couronnement de Lukas Dhont, Belge de 31 ans à la carrière météorique, enverrait un signal supplémentaire de rajeunissement pour la 75e édition du plus important festival de cinéma, qui souhaite ne pas perdre le lien avec les nouveaux publics.
Son film «Close», déchirant, l'a emporté à l'applaudimètre en projection officielle (12 minutes de vivats). Il dresse le portrait d'un garçon meurtri par une amitié perdue, abordant avec délicatesse la question de la masculinité et du poids des normes. Et révèle un talent, le jeune Eden Dambrine, 15 ans.
«Faire rêver»Mais il n'est pas seul sur les rangs: le jury pourrait suivre la majorité des critiques internationaux interrogés par le magazine Screen, et distinguer Park Chan-wook, qui rapporterait ainsi une deuxième Palme d'or à la Corée du Sud, trois ans après «Parasite» de Bong Joon-ho.
«Decision to Leave», son thriller sur un inspecteur qui tombe amoureux d'une suspecte, qui rappelle «Basic Instinct», sexe et pic à glace en moins, pourrait séduire par la virtuosité de sa réalisation.
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Sont également cités les frères Dardenne pour «Tori et Lokita», qui pourraient leur valoir une troisième Palme d'or, fait inédit dans l'histoire de Cannes.
Autres favoris: l'Américain James Gray, très autobiographique dans «Armageddon Time» ou bien «La Femme de Tchaïkovski» du Russe Kirill Serebrennikov, sur l'épouse du compositeur, longtemps restée dans l'ombre et avec laquelle il a convolé pour cacher son homosexualité.
Le couronnement de cet artiste russe, en rupture avec le régime, serait un évènement en soi en pleine guerre en Ukraine, au terme d'un Festival qui a mis un point d'honneur à offrir une large place à ce pays: dès la cérémonie d'ouverture, le président Zelensky a convoqué, en direct de Kiev, l'esprit de Chaplin et promis la défaite de Poutine.
Les surprises sont toujours possibles, voire incontournables, au terme d'un festival qui espère aider les cinémas à attirer à nouveau les foules en salles, comme avant le Covid.
Pour faire rêver le public, la 75e édition du Festival a dégainé cette année, hors compétition, la méga-star Tom Cruise, venue présenter le nouveau «Top Gun», ou encore la nouvelle coqueluche d'Hollywood, Austin Butler, dans le rôle d'Elvis pour le biopic-évènement du «King».