Neuf jours après le référendum qui a décidé un Brexit, un long cortège s'est ébranlé peu avant 12H00 (11H00 GMT) en direction du parlement depuis Park Lane, le long de Hyde Park, dans le centre de Londres.
Des dizaines de drapeaux européens coloraient la foule, brandissant des pancartes "Breverse" -soit l'annulation du Brexit-, "Le Brexit c'est des conneries" ou encore "Bregret", contraction de "Brexit" et "regret". "Nous t'aimons, l'UE", criaient également des participants.
"Je veux rester dans l'Union européenne. Nous pouvons faire quelque chose tant que l'article 50 n'est pas activé", a déclaré à l'AFP un des manifestants, David, en référence à l'article du traité de Lisbonne qui permet de déclencher le processus de sortie de l'UE.
Selon un sondage Ipsos Mori pour la BBC, 16% des Britanniques ayant voté au référendum pensent que la Grande-Bretagne restera dans l'UE et 22% ne savent pas si le pays sortira du giron européen. Par ailleurs, 48% des votants estiment que des élections législatives doivent avoir lieu avant l'ouverture des négociations de sortie de l'UE.
Les deux principaux prétendants à la succession du Premier ministre conservateur David Cameron, les ministres Theresa May (Intérieur) et Michael Gove (Justice), ont annoncé qu'ils ne déclencheraient pas la procédure du Brexit avant fin 2016, voire en 2017, suscitant l'agacement du président français François Hollande vendredi.
La décision du Brexit "a été prise" et "elle ne peut pas être reportée ou elle ne peut pas être annulée", a-t-il déclaré, les dirigeants européens appelant également à l’activation la plus rapide possible de l'article 50 pour mettre fin à l'incertitude.
Pour le chef de la diplomatie du Vatican, Mgr Paul Richard Gallagher, interrogé samedi par l'AFP, le choc du Brexit doit provoquer une "refondation" de l'Europe et "renforcer" ses objectifs.
Double trahison
Theresa May, 59 ans, conforte son statut de favorite pour succéder à David Cameron : une centaine de députés conservateurs sur 330 lui ont d'ores et déjà apporté leur soutien, contre une vingtaine pour Michael Gove, selon les médias britanniques.
Le ministre de la Justice risque, lui, de pâtir de sa double trahison - d'abord à l'égard de son ami David Cameron, puis de Boris Johnson - qui lui vaut nombre d'inimitiés au sein des députés conservateurs, dont 60% ont voté pour un maintien dans l'UE.
Après l'énorme choc du vote pro-Brexit, le pays a besoin de stabilité et de quelqu'un de compétent et d'habile dans les négociations. Elle (Theresa May) est peut-être ennuyeuse (...) mais quelqu'un d'ennuyeux et de compétent est sans doute ce dont nous avons besoin aujourd'hui", écrit John Rentoul, commentateur du journal en ligne The Independent.
Le nom du successeur de David Cameron doit être annoncé le 9 septembre.
De son côté, la reine Elizabeth II a ouvert samedi matin la 5e session du parlement écossais sans faire référence au Brexit dans son discours.
La monarque a appelé au calme dans "un monde aux défis croissants", un passage interprété par certains commentateurs comme un message adressé aux hommes politiques britanniques dans une période crispée.
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon s'est elle contentée de clore son intervention en lançant que l'Ecosse allait continuer "à jouer son rôle dans une Europe plus forte".
L'Ecosse a voté à 62% pour un maintien dans l'UE et Mme Sturgeon a mis sur la table la possibilité d'un nouveau référendum sur l'indépendance de la nation.