À l’issue d’une rencontre mercredi entre les deux dirigeants, lors de la visite de Kim Jong Un en Russie, ce dernier «a invité avec courtoisie Poutine à visiter la République populaire démocratique de Corée, quand cela lui conviendra», a rapporté jeudi l’agence de presse d’Etat nord-coréenne KCNA, utilisant le nom officiel de la Corée du Nord. «Poutine a accepté avec plaisir l’invitation et réaffirmé son invariable volonté de continuer à faire avancer l’histoire et la tradition de l’amitié Russie-RPDC», a encore indiqué l’agence.
Signe du renforcement de leurs liens, Moscou a proposé à Pyongyang d’envoyer un cosmonaute nord-coréen dans l’espace, selon les agences russes. Il s’agirait du premier Nord-Coréen à accéder à l’orbite terrestre, alors que le pays reclus cherche à développer ses programmes spatiaux.
Egalement mercredi, le numéro un nord-coréen a assuré à M. Poutine que Moscou remporterait une «grande victoire» sur ses ennemis, la Russie étant engagée dans une offensive en Ukraine depuis plus d’un an et demi.
Le président russe a, lui, vanté le «renforcement futur de la coopération» avec Pyongyang, parlant devant la presse de «perspectives» de coopération militaire malgré les sanctions internationales visant la Corée du Nord à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement.
«Pacte du diable»
Le chef du parti sud-coréen au pouvoir a dénoncé «un pacte du diable» entre Moscou et Pyongyang, et Tokyo a mis en garde jeudi contre toute violations des embargos des Nations unies sur les ventes d’armes après les pourparlers bilatéraux. «Nous observons (ces discussions) avec inquiétude car cela pourrait rendre possibles des violations de l’interdiction par le Conseil de sécurité de toute vente d’armement à la Corée du Nord», a indiqué la nouvelle ministre des Affaires étrangères japonaise Yoko Kamikawa à des journalistes.
Après l’arrivée du dirigeant nord-coréen en Russie à bord de son train blindé, ils ont visité des installations du cosmodrome de Vostotchny, en Extrême-Orient, achevé en 2016 et qui doit remplacer à terme la base spatiale historique de Baïkonour.
Selon M. Poutine, Kim Jong Un devrait par ailleurs assister à Vladivostok à une «démonstration» de la marine militaire russe dans le Pacifique. Le dirigeant nord-coréen visitera également en Extrême-Orient des usines d’équipements aéronautiques «civils et militaires», a indiqué le chef de l’Etat russe.
«Déstabilisation dans la région»
«Ce sommet traduit un immense changement de la géopolitique en Asie du Nord-Est», a estimé Kim Jong-dae, ex-député sud-coréen et chercheur invité à l’Institut Yonsei pour les études nord-coréennes. Une alliance plus forte entre Pyongyang, Moscou et Pékin pourrait entraîner une «déstabilisation dans la région», et des munitions fournies par Pyongyang auraient un impact significatif sur le conflit en Ukraine, a-t-il dit.
«Je pense que la Russie a déjà testé les obus nord-coréens sur les champs de bataille et qu’elle est désormais prête à étendre leur utilisation. Ni les Etats-Unis ni la Corée du Sud n’ont pris la mesure des conséquences d’une telle vente d’armes entre la Russie et le Nord», a- t-il encore déclaré.
Washington avait exprimé sa «préoccupation», affirmant que la Russie était intéressée par l’achat de munitions nord-coréennes pour soutenir son invasion de l’Ukraine.
À Vostotchny, M. Poutine a évoqué la possibilité que la Russie aide Pyongyang à construire des satellites, après que la Corée du Nord a récemment échoué à deux reprises à mettre en orbite un satellite militaire espion.