Dans cet aéroport de demain, le passager présentera à une borne son passeport dont la photographie sera recoupée avec les données biométriques de son visage saisies par un capteur à l'enregistrement, au dépôt des bagages, au contrôle à la frontière et enfin à l'embarquement.
A partir de janvier, le Groupe ADP, dont le groupe turc TAV est une filiale depuis 2017, déploiera cette technologie à Paris-Orly en partenariat avec Air France.
"Nous allons expérimenter un +process+ dans lequel on utilise la reconnaissance faciale pour les procédures d'enregistrement et d'embarquement", explique Edward Arkwright, directeur général exécutif du Groupe ADP, gestionnaire d'Orly et de Charles-de-Gaulle (CDG) et de 22 autres plateformes dans le monde dont 14 exploitées par TAV Airports. L'expérimentation doit se dérouler sur un an de façon ciblée et vient compléter le processus de reconnaissance faciale déjà existant au contrôle à la frontière, avec 102 sas équipés avec cette technologie depuis l'été 2017 dans les deux aéroports parisiens.
Lire aussi : Reconnaissance faciale: Dernière ligne droite
En France, la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a autorisé ce test à condition que le passager ait donné au préalable son consentement, que les données biométriques soient supprimées immédiatement après le décollage de l'avion et qu'elles ne puissent pas être réutilisées par ADP pour d'autres vols ou d'autres finalités, comme des propositions commerciales.
Le but de l'expérimentation est à la fois d'évaluer le niveau d'"acceptabilité" par le passager et de "mesurer les gains en efficacité opérationnelle", souligne M. Arkwright, en se félicitant du gain de temps au passage des frontières: cela prend 10 à 15 secondes avec la reconnaissance faciale contre 30 à 45 secondes avec la biométrie digitale.
Les passagers "sont moins stressés quand la technologie facilite leur passage au contrôle des passeports", estime Sita, un fournisseur de solutions informatiques pour l'industrie du transport aérien. Selon des données de Sita, le "recours au contrôle automatisé des passeports a presque doublé" en 2018 par rapport à 2017, avec 44% d'utilisateurs. D'ici à 2025, "68% des passagers seront des technophiles" qui exigent "plus d'automatisation et d'autonomie dans le contrôle de chaque étape de leur voyage", estime la société.
Lire aussi : Sebta. L’Espagne commence les tests pour la reconnaissance faciale à la frontière
Les aéroports sont voués à être de plus en plus congestionnés sous l'effet d'une croissance exponentielle du trafic qui devrait doubler d'ici à 2037 pour atteindre 8,3 milliards de passagers par an, à un rythme annuel moyen de 3,5% d'augmentation. Dans ce contexte, la "fluidité du parcours passager" alliée à une rotation plus rapide des avions devrait permettre, selon M. Arkwright, d'optimiser les structures existantes et de repousser l'échéance de la construction de nouveaux aéroports.
A terme, l'idéal visé par ADP est celui d'un parcours "sans couture", comme celui simulé à Istanbul. Au terminal 4 de l'aéroport de Changi, à Singapour, à la pointe des nouvelles technologies, ou encore pour les passagers internationaux de l'aéroport d'Atlanta, le plus fréquenté au monde, ce parcours passagers sans interruption grâce à la biométrie est devenu réalité.
"La priorité maintenant est d'assurer qu'il y ait une règlementation pour accompagner cette vision d'une expérience de voyage sans papier, qui assurera également que les données des passagers sont bien protégées", avait expliqué mardi le directeur général de l'Association internationale du transport aérien, Alexandre de Juniac, cité dans un communiqué. Quant aux éventuels effets sur l'évolution du trafic des pressions environnementales croissantes, M. Arkwright estime qu'"on ne voit pas aujourd'hui de changement de comportement".