Abdelaziz Bouteflika risque de prendre tout le monde de court. A commencer par son jeune frère Saïd et le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah. Les deux hommes ont affiché clairement leur ambition de succéder au président en exercice. Ceci sans parler d'autres personnalités qui caressent le même espoir et attendent, sans doute, le moment venu pour annoncer leur candidature.
Selon un rapport d'information de sénateurs français, le changement en Algérie pourrait bien attendre. «Il n’existe pas de réelle pression populaire en faveur d’une évolution du régime, en dépit de l’impression de sclérose que peut dégager le pouvoir en place», soulignent les auteurs de ce rapport de 34 pages.
S'appuyant sur les propos de personnalités algériennes et françaises de premier plan, les sénateurs français indiquent que le pouvoir algérien tire sa légitimité de la "stabilité" dont jouit le pays après le Printemps arabe qui a ébranlé bien des régimes. D'autant que la guerre civile des années 1990 est toujours fraîche dans les mémoires.
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De même, la sauvegarde de la paix sociale "grâce à l'argent du gaz et du pétrole" servirait d'argument solide pour le maintien du statu quo.
Le rapport fustige les partis de l'opposition qui semblent se contenter d'une position de simples figurants et ne peuvent jouer un rôle dans l'équilibre des pouvoirs, comme le montrent les dernières élections du 4 mai, où le FLN a raflé la mise.
Et d'ajouter: "Le système politique algérien apparaît (…) tout aussi stable que complexe. Il reste cependant marqué par une certaine collégialité. D’autres acteurs issus de la société civile -le Forum des chefs d’entreprises ou l’Union générale des travailleurs algériens- s’y sont ainsi intégrés progressivement".
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Les sénateurs français estiment que "Abdelaziz Bouteflika, âgé de 80 ans, dispose d’une réelle légitimité, acquise notamment à l’issue de la décennie noire", concluant en toute logique qu'il pourrait se présenter pour un 5e mandat à la présidentielle prévue pour 2019.