Barack Obama et Raul Castro se sont retrouvés côte à côte ce vendredi soir pour l'ouverture du Sommet des Amériques au Panama, puis lors d'un dîner officiel. La Maison Blanche a indiqué toutefois qu'il faudrait probablement attendre samedi pour assister à une véritable conversation, la première entre Chefs d'Etat des deux pays depuis 1956.
La présence des deux hommes à ce sommet va couronner le réchauffement annoncé en décembre dernier au terme de huit mois de tractations menées dans le plus grand secret. L'événement a été précédé jeudi soir par une rencontre déjà mémorable entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue cubain Bruno Rodriguez, la première entre responsables de ce niveau depuis 1958.
Ce sommet des Amériques, qui réunit pendant deux jours une trentaine de Chefs d'Etat, enregistre pour la première fois la présence de Cuba qui effectue ainsi son retour dans cette grand-messe continentale dont il avait été exclu par les Etats-Unis et l'Organisation des Etats américains (OEA) depuis sa première édition en 1994.
L'annonce du dégel entre les ennemis de la guerre froide ouvre la voie à de longues et âpres négociations pour résoudre de nombreux points de contentieux hérités de cinquante-trois années d'affrontements. Jeudi soir, le département d'Etat a entamé les démarches pour la levée d'un premier obstacle: la présence de Cuba sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme. Le retrait de cette liste est la principale condition posée par Cuba à la réouverture d'ambassades dans les deux pays, même si Obama a prévenu que cela "prendrait du temps".
Demeurent, enfin, les épineux dossiers de la base navale de Guantanamo, occupée par les troupes américaines depuis 1903, et celui des compensations demandées par les deux pays pour les dégâts de l'embargo et la nationalisation de biens américains après la révolution castriste.Ce Sommet "fait partie des négociations en cours" entre La Havane et Washington, explique l'ancien diplomate et universitaire cubain Carlos Alzugaray. "La présence de Raul Castro au Sommet n'est pas un aboutissement, mais un début", dit-il.
De récents sondages ont montré que 59% des Américains et 97% des Cubains sont favorables au rapprochement.