Avant de trinquer à la «prospérité» des peuples russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont fait une multitude de déclarations à l’issue de discussions au Kremlin censées renforcer leur alliance. Voici les cinq moments clés du sommet de mardi.
Ukraine
Le plan chinois pour le conflit en Ukraine, publié en février et appelant à des négociations de paix, était évidemment au coeur des attentes. «Nous estimons que de nombreux points du plan de paix proposé par la Chine (...) peuvent servir de base pour un règlement pacifique», a commenté Vladimir Poutine.
Il a toutefois affirmé ne pas voir de «disposition» de Kiev et de l’Occident à trouver une issue sur la base du plan chinois. Xi Jinping, qui veut s’imposer en médiateur, a lui déclaré que Pékin cherchait un «règlement pacifique», sans dévoiler toutefois de piste concrète pour avancer dans les négociations.
Front contre Washington
Les deux dirigeants, qui se posent en contrepoids à la puissance américaine, ont accusé Washington de «saper» la sécurité internationale pour conserver son «avantage militaire».
Dans une déclaration commune signée après les pourparlers, ils ont affirmé, en guise d’exemple, que les Etats-Unis cherchaient à déployer des «défenses antimissiles» dans des régions du monde et des missiles de «moyenne et courte portée» en Asie-Pacifique et en Europe.
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Dans cette déclaration, ils se sont dits «très préoccupés» par «le renforcement grandissant des liens entre l’Otan et les pays» d’Asie-Pacifique. Les armées russe et chinoise vont mener «régulièrement des patrouilles communes en mer, dans les airs» et «des exercices conjoints» dans le but «d’approfondir la confiance mutuelle», ont également souligné MM. Poutine et Xi dans ce texte.
Nouveau gazoduc
MM. Poutine et Xi se sont entendus pour entamer la construction du gigantesque gazoduc Force de Sibérie 2, qui doit relier des champs gaziers sibériens, via la Mongolie, au nord-ouest de la Chine. «À la mise en service», a dit Vladimir Poutine, «50 milliards de mètres cubes de gaz» transiteront via ce gazoduc de 2.600 kilomètres.
Ce projet est un symbole du pivot économique vers l’Asie espéré par Moscou, face aux sanctions internationales ayant entraîné la fermeture de juteux marchés occidentaux. Le président russe n’a toutefois pas donné le calendrier de construction du gazoduc, qui doit compléter un tube déjà existant, Force de Sibérie. Le géant russe Gazprom a d’ailleurs annoncé mardi avoir battu la veille son record pour les livraisons journalières à la Chine via Force de Sibérie.
«Priorité» à l’économie
«La coopération commerciale et économique est une priorité dans les relations entre la Russie et la Chine», a déclaré M. Poutine, disant s’attendre en 2023 à des échanges commerciaux qui dépasseront 200 milliards de dollars, ce qui serait un nouveau record.
M. Poutine a assuré que Moscou pouvait augmenter ses livraisons de pétrole et de produits agricoles à la Chine. Il s’est également dit «prêt à créer un organe de travail conjoint» pour développer «la route maritime du Nord» en Arctique, plus facilement navigable à cause de la fonte des glaces et grâce à laquelle Moscou espère pouvoir doper ses exportations d’hydrocarbures.
M. Poutine s’est aussi dit en faveur de «l’utilisation du yuan chinois dans les règlements entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine», un autre moyen d’accélérer la dédollarisation de son économie. Mais des experts soulignent que Pékin pourrait être moins enthousiaste à développer sans limite ses relations économiques avec Moscou, de peur d’être visé par ricochet par des sanctions occidentales.
Un sommet en grande pompe
Le Kremlin n’avait pas lésiné sur les moyens et a déroulé le tapis rouge à Xi Jinping. Le dirigeant chinois est apparu mardi aux côtés de son homologue russe dans une grande salle du Kremlin, sous un lustre doré et entouré de deux gigantesques drapeaux aux couleurs de chaque pays.
Puis, après les pourparlers, lors d’un dîner, les deux dirigeants ont trinqué à la « prospérité » des peuples russe et chinois. «La coopération russo-chinoise a des possibilités et des perspectives vraiment illimitées», s’est exclamé M. Poutine pendant ce repas. Le président chinois a lui estimé que les relations entre Pékin et Moscou entraient dans «une nouvelle ère» et a invité son homologue à se rendre en Chine dès cette année.