Chérif Chekatt "faisait partie des soldats de l'Etat islamique", a assuré peu après l'annonce de sa mort l'agence de propagande de l'organisation jihadiste EI.
Il a été tué dans le quartier du Neudorf, au sud de la ville, là où il a grandi et où sa trace s'était perdue mardi après son équipée sanglante. Un très important dispositif de police y avait été déployé jeudi soir.
Le jihadiste a été repéré vers 20H00 GMT par trois policiers alors qu'il "déambulait" dans la rue, a précisé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, arrivé à Strasbourg en début de soirée.
Ils ont tenté de l'interpeller mais il "s'est retourné, faisant face aux fonctionnaires de police en tirant. Ils ont alors immédiatement riposté et ont neutralisé l'assaillant", a-t-il ajouté.
Les investigations réalisées dans la soirée ont "permis d'identifier formellement" Cherif Chekatt, a annoncé le parquet antiterroriste de Paris.
Un périmètre de sécurité bloquait jeudi soir l'accès à la rue Lazaret, où Chérif Chekatt a été abattu, a constaté un journaliste de l'AFP. Les forces de l'ordre ont été applaudies par des badauds. "Bravo !" ont lancé certains d'entre eux.
"J'ai vu les voitures commencer à fermer la rue, des policiers cagoulés en train de courir (...). Ensuite, on a entendu des coups de feu, +bim, bim +bim+, et voilà, quoi", a raconté Saïf, 40 ans, à l'AFP.
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Des appels et des témoignages ont été déterminants. Selon une source proche de l'enquête, une femme avait indiqué avoir vu dans l'après-midi un homme qui ressemblait au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang ont été trouvées, et des images vidéo ont permis aux policiers d'acquérir la certitude qu'il s'agissait du fugitif.
Dans la soirée, le secteur était alors quadrillé et survolé par un hélicoptère équipé de caméras thermiques. Jusqu'à la dernière confrontation.
"Merci à l'ensemble des services mobilisés, policiers, gendarmes et militaires. Notre engagement contre le terrorisme est total", a tweeté Emmanuel Macron, qui selon l'Elysée a suivi "en temps réel les dernières évolutions".
Plus de 700 membres des forces de l'ordre étaient à la recherche du tireur qui a tué trois personnes, dont un touriste thaïlandais, et en a blessé 13 mardi soir, au coeur du marché de Noël, dans le centre historique de Strasbourg. Plusieurs opérations de police avaient déjà eu lieu au Neudorf.
Criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand, en arabe), selon des témoins, Chérif Chekatt, ancien détenu au passé judiciaire lourd, signalé pour sa radicalisation islamiste en prison, avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants et frappé d'autres à coups de couteau, tuant trois personnes et en blessant 13.
Après des échanges de tirs avec des militaires, qui l'ont blessé au bras, il avait réussi à s'enfuir en prenant un taxi pour se rendre dans un quartier proche, le Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu'il ne disparaisse.
Plus de 700 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour le retrouver et les polices allemande, suisse et luxembourgeoise étaient aussi en alerte.
L'avis de recherche des policiers français décrivait un "individu dangereux" de 1,80 m, à la "peau mate", avec une "marque sur le front".
Né à Strasbourg et fiché "S" ("sûreté de l'État") pour sa radicalisation islamiste, Chérif Chekatt, 29 ans, avait été condamné à 27 reprises en France, Allemagne et Suisse pour des faits de droit commun.
"Il a déjà été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l'administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015", a rappelé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz.
Il avait notamment une affiche de Oussama ben Laden dans une de ses cellules.
Chérif Chekatt faisait l'objet d'un suivi par les services de renseignements intérieurs.
Il devait être interpellé par les gendarmes mardi matin, dans le cadre d'une enquête de droit commun, le jour de la fusillade donc, mais a échappé à cette arrestation.
La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête.
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La vie a repris doucement à Strasbourg jeudi, où les écoles - fermées la veille - ont été rouvertes. Le ministre de l'Intérieur a annoncé que le marché de Noël, qui attire chaque année deux millions de touristes, rouvrira vendredi.
La mort de Chérif Chekatt libère d'une "épée de Damoclès" les Strasbourgeois et les nombreux touristes qui déambulent habituellement parmi les 300 chalets du marché, a commenté le maire de Strasbourg Roland Ries précisant que celui-ci rouvrira à 10H00 GMT.
Après cette attaque, le gouvernement a rehaussé à "urgence attentat", soit son niveau maximal, le plan national de lutte contre le terrorisme Vigipirate.
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg avait fait l'objet d'un projet d'attentat en décembre 2000, qui avait été déjoué.
Ville "touristique" avec "une identité française et européenne", Strasbourg "est une cible convoitée depuis de longues années", a souligné Anne Giudicelli, directrice de la société de conseil Terrorisc.
Et le président du Centre d'analyse du terrorisme, Jean-Charles Brisard, a noté l'apparition d'un "terrorisme de plus en plus de proximité". "Jusqu'à récemment, on frappait à Paris, parce que c'est symbolique. En majorité, les terroristes frappent désormais en province", analyse-t-il.
La France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015, sans compter la fusillade de Strasbourg. Le groupe EI appelle régulièrement à viser les pays, dont la France, membres de la coalition internationale anti-jihadiste en Syrie et en Irak.