Jeudi, la justice belge a ordonné son renvoi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, avec un complice, pour "tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers" et "port d'armes dans un contexte terroriste", a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué.
Les deux hommes n'étaient pas présents lors de l'audience devant la chambre du conseil du tribunal, juridiction d'instruction qui siège à huis clos.
Seul le complice, Sofiane Ayari, également inculpé dans l'enquête sur les attentats de Paris et incarcéré à Lantin près de Liège (sud de la Belgique), était représenté par un avocat.
Trois policiers appartenant à une équipe d'enquête franco-belge avaient été blessés dans la fusillade, le 15 mars 2016, pendant laquelle Salah Abdeslam, 27 ans, et Sofiane Ayari, 24 ans, avaient réussi à s'échapper par l'arrière d'un appartement situé à Forest dans l'agglomération bruxelloise.
Un troisième suspect, qui semblait vouloir couvrir leur fuite en ouvrant le feu sur les policiers qui venaient de défoncer la porte d'entrée de l'immeuble, a été mortellement blessé par les tirs de réplique des forces de l'ordre.
Ce raid policier, présenté alors comme un acte de routine dans l'enquête conduite en Belgique sur les attentats parisiens qui ont fait 130 morts, avait de fait donné un coup d'accélérateur aux investigations lorsque les enquêteurs s'étaient rendu compte que Salah Abdeslam -en cavale depuis quatre mois- venait de leur échapper.
Ils recherchaient initialement au 60, rue du Dries à Forest la trace du passage de complices des jihadistes ayant frappé Paris, mais avaient eu la confirmation de la présence dans l'appartement du seul survivant des commandos parisiens grâce à la découverte d'"empreintes".
Salah Abdeslam et Sofiane Ayari avaient finalement été arrêtés ensemble le 18 mars à Molenbeek, autre commune de l'agglomération bruxelloise.
Quatre jours plus tard, d'autres membres de la même cellule jihadiste passaient à l'acte à Bruxelles, attaquant l'aéroport et le métro de la capitale européenne (32 morts au total).
Selon un "testament" laissé par l'un des trois kamikazes des attentats de Bruxelles, ils ont agi dans la précipitation après l'arrestation d'Abdeslam.
La date du procès sera fixée "dans les prochaines semaines", a précisé le Parquet fédéral. Selon Me Laura Séverin, qui défend Ayari, une première audience de procédure à laquelle les deux accusés sont censés assister pourrait avoir lieu "d'ici trois semaines, un mois".
L'examen du dossier au fond commencerait avant la fin de l'année, d'après la chaîne publique RTBF.
Reste à savoir si Abdeslam acceptera de comparaître. Actuellement incarcéré en France, il refuse de parler aux juges depuis sa mise en examen le 27 avril 2016 pour assassinats terroristes. Ses avocats ont jeté l'éponge en octobre 2016, convaincus "qu'il ne s'exprimerait pas".
Quant à Ayari, "il reconnaît avoir été présent" le 15 mars 2016 à Forest, "à ce stade on ne conteste pas les charges", a dit son avocate.
Ce jeune homme d'origine tunisienne connaissait Abdeslam depuis au moins le 3 octobre 2015, date à laquelle il avait été pris en charge à Ulm (Allemagne) par le convoyeur présumé des commandos du 13 novembre.
Il était entré en Europe le 20 septembre 2015 par l'île grecque de Léros en se mêlant au flot des réfugiés en provenance des côtes turques.
Le 13 novembre 2015 au matin, Ayari, qui apparaît dans le dossier "Paris" sous plusieurs alias, avait pris un aller simple en bus pour Amsterdam avec Osama Krayem, l'un des principaux suspects des attentats de Bruxelles, qui l'avait accompagné depuis Léros.