Le 11 octobre, Adil Dghoughi quitte le domicile de sa petite amie à Maxwell, au Texas, peu après trois heures du matin. Quarante-cinq minutes plus tard, il est transféré en urgence dans un hôpital pour blessures par balles. Il ne survivra pas.
Que s’est-il passé pendant ce laps de temps? Sarah Todd, sa compagne, explique que Adil aimait rouler la nuit, en écoutant de la musique marocaine. «C’était une sorte de relaxation pour lui», déclare-t-elle au Daily Beast. Il est arrivé aux Etats-Unis il y a dix ans, et après avoir séjourné en Floride et à Rhode Island, où il a obtenu un MBA en finance, il avait déménagé au Texas il y a près de trois ans. Pour payer ses factures, il travaillait en tant que chauffeur Uber tout en continuant à postuler pour décrocher un poste dans le monde de la finance.
Mais ce jour-là, la route de Adil Dghoughi va croiser celle de Terry Turner, résidant à Martindale, dans le comté de Caldwell au Texas. L’homme de 65 ans remarque une voiture qu’il juge «suspecte», garée devant son domicile. Il ouvre le feu et tue le conducteur.
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Les circonstances de la confrontation entre les deux hommes n’ont pas encore été éclaircies et une enquête serait toujours en cours. On ne sait toujours pas si un échange de paroles violentes a eu lieu entre les deux hommes, ni si le tueur s’est senti menacé par Adil Dghoughi. Toutefois, bien que le suspect ait clairement été identifié, il n’a été procédé à aucune arrestation, la police ayant jugé Turner «coopératif».
Cette non-arrestation a suscité un tollé dans un pays déjà fortement ébranlé par des affaires similaires dans le cadre desquelles des personnes de couleur se font abattre par des blancs qui revendiquent la légitime défense. Malgré cela, le bureau du shérif du compté de Caldwell n’a répondu à aucun commentaire.
Les proches de la victime se sont organisées pour dénoncer le traitement de cette affaire. Et ceux-ci, face au silence de la police, tentent d’élucider les circonstances de la mort du jeune homme en réfléchissant aux différents scenarii qui ont pu aboutir à ce drame. Peut-être s’est-il perdu et qu’il s’est arrêté sur le bas côté de la route le temps de trouver son chemin? Un conflit qui aurait dégénéré? L’entourage de Adil n’y croit pas. Il ne se serait jamais disputé avec quelqu’un qui aurait exigé de savoir pourquoi il se trouvait sur sa propriété, si toutefois une telle demande lui a vraiment été formulée, expliquent les proches au Daily Beast.
Légitime défense ou exécution? C’est la question qui se pose et qui trouvera peut être réponse dans les informations fournies par les médecins qui ont tenté de sauver le jeune homme. Ceux-ci ont ainsi déclaré qu’une balle avait pénétré sa main, lui avait touché la tête avant de ressortir par la fenêtre du siège passager, ce qui donnerait à supposer que Adil Dghoughi avait les mains levées. Les deux impacts de balles dans la vitre du conducteur pourraient également prouver que Adil Dghoughi a été tué à bout portant.
Une affaire qui nourrit les inquiétudes autour de la loi texane «Stand your ground» (défendez votre territoire), laquelle affirme qu'une personne «peut utiliser une force raisonnable dans le cas de légitime défense quand elle croit de façon raisonnable qu'elle est soumise à une menace illégale, sans obligation de battre en retraite».
