Traité mondial sur le plastique: un compromis fragile, accord toujours hors de portée

Des déchets plastiques sont transportés pour être triés à l'usine de tri des déchets de l'entreprise de recyclage Remondis à Erftstadt, en Allemagne, le 12 août 2025. (Photo: REUTERS)

Un nouveau texte de compromis a été proposé dans la nuit de jeudi à vendredi aux représentants des gouvernements de 185 pays qui tentent, non sans difficulté, de produire un traité international contre la pollution plastique à Genève.

Le 15/08/2025 à 07h36

Ce texte, qui comporte encore plus d’une centaine de points à clarifier, constitue une «base acceptable de négociation», ont indiqué deux sources gouvernementales distinctes interrogées par l’AFP. Mais plusieurs ONG environnementales l’ont jugé toujours «insuffisant» pour «protéger la santé humaine et l’environnement».

Composé de 31 articles, le nouveau texte a été mis en ligne sur le site onusien des négociations par le diplomate qui préside les débats, Luis Vayas Valdivieso, après d’intenses tractations de dernière minute en coulisses tout au long de la journée de jeudi, et le rejet massif de la précédente mouture par les États.

Ce texte, le troisième depuis le début de cette séquence diplomatique, est encore bien loin d’être un traité: toutes les expressions entre parenthèses — faute de consensus — doivent être supprimées, avant que le texte ne soit soumis en plénière aux négociateurs.

Sur le fond, le texte «est loin d’être ce dont nous avons besoin pour mettre un terme à la pollution plastique», mais il «peut constituer un tremplin pour y parvenir, si nous l’aiguisons lors d’une prochaine session», a déclaré à l’AFP Juan Carlos Monterrey Gomez, chef de la délégation du Panama, l’une des voix les plus fortes en faveur d’un traité dit «ambitieux» pour protéger l’environnement et la santé humaine des dégâts du plastique.

Le texte représente une «base acceptable de négociation», a confirmé une autre source gouvernementale, qui a requis l’anonymat, tout en soulignant qu’il n’est pas encore adopté.

Théoriquement, la séquence de négociations CNI5-2, qui a débuté à Genève le 5 août, devait s’achever à minuit locales (22h00 GMT) ce 14 août.

Les discussions se sont prolongées jeudi dans une ambiance enfiévrée et quelque peu désordonnée, afin de tenter d’élaborer un texte de consensus.

«Malheureusement, les changements positifs sont de très petits pas, et ainsi écrits, ils ne produiront pas un traité», a estimé l’ONG IPEN.

Le président des débats est apparu brièvement peu avant minuit, heure théorique de la clôture, pour ouvrir une séance plénière… qu’il a refermée immédiatement, permettant ainsi, selon les règles onusiennes, d’ajouter quelques heures à la concertation.

Avec ce texte, M. Vayas joue sa dernière carte, après avoir essuyé une sévère rebuffade mercredi, lorsque son deuxième texte de synthèse avait été rejeté par la quasi-totalité des 185 pays réunis en assemblée plénière.

Depuis, il a travaillé directement avec les chefs de délégations régionales pour tenter de résoudre la quadrature du cercle entre les pays dits à forte ambition et ceux qui s’opposent à toute régulation contraignante de l’industrie du plastique, essentiellement des pays pétroliers ou producteurs de plastique.

De profondes divisions persistent entre ces deux camps. Les «ambitieux», dont l’Union européenne, le Canada, l’Australie, de nombreux pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’îles, veulent débarrasser la planète du plastique qui la gangrène et affecte la santé humaine, en réduisant notamment la production mondiale. En face, les pays pétroliers refusent toute contrainte sur la production et toute interdiction de molécules ou d’additifs dangereux.

«Texte médiocre»

Sous l’œil des représentants des industries pétrochimiques présents dans les couloirs, les pays avaient déjà échoué à produire un texte commun lors de la précédente session de négociations, à Busan, en Corée du Sud, fin 2024.

Les auteurs du texte «utilisent une technique bien connue : introduire d’abord un texte inacceptable, puis revenir avec un texte médiocre, à prendre ou à laisser, qui montre une amélioration à la marge, mais reste loin de ce dont nous avons besoin pour faire face à la crise plastique», a dénoncé l’ONG Ciel dans un bref communiqué.

Le sujet est d’autant plus crucial que la planète a produit plus de plastique depuis l’an 2000 que durant les 50 années précédentes, en majorité des produits à usage unique et des emballages. Et la tendance s’accélère: si rien n’est fait, la production actuelle, estimée à quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d’ici 2060, selon l’OCDE. Or, moins de 10% est recyclé.

«Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève», a résumé le représentant de la Norvège au cours d’une séance plénière au lever du jour vendredi.

Un peu plus tôt, l’Inde et l’Uruguay avaient souligné l’incapacité des négociateurs «à trouver un consensus».

Présenté au milieu de la nuit de jeudi à vendredi un nouveau texte de compromis comportait encore plus d’une centaine de points à clarifier, après 10 jours d’intenses négociations mais les chefs de délégation réunis en session informelle n’ont pas réussi à se mettre d’accord.

L’avenir des négociations n’était pas clair dans l’immédiat.

L’Ouganda a demandé une nouvelle session de négociation à une date ultérieure et la Commissaire européenne à l’environnement, Jessika Roswall a estimé que Genève avait permis d’établir «une bonne base» pour une reprise des négociations.

Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, qui présidait déjà aux négociations lors de l’échec de la précédente séquence diplomatique en Corée du sud à Busan fin 2024, devrait donner une brève conférence de presse, selon les services onusiens.

Sa méthode et le processus de négociations ont été sévèrement critiqués tout au long de la séquence diplomatique de Genève mais souvent de manière anonyme.

Théoriquement, la séquence de négociations CNI5-2, qui a débuté à Genève le 5 août, devait s’arrêter à minuit locales (22H00 GMT) ce 14 août.

De profondes divisions demeurent entre les deux camps qui se sont affrontés sur le sujet.

Les «ambitieux», dont l’UE, le Canada, l’Australie, beaucoup de pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’îles, veulent nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangréner et affecte la santé humaine, et surtout réduire la production mondiale de plastique.

En face, des pays essentiellement pétroliers qui refusent toute contrainte sur la production d’hydrocarbures à la base de l’industrie plastique et toute interdiction de molécules ou d’additifs dangereux.

Par Le360 (avec AFP)
Le 15/08/2025 à 07h36