Le président américain "analyse encore de nombreux faits et quand il aura pris sa décision c'est lui qui voudra l'annoncer", a déclaré dimanche 3 décembre le gendre du milliardaire républicain lors de sa première intervention publique sur la politique américaine au Proche-Orient. "Et il fera en sorte de l'annoncer au bon moment", a-t-il ajouté lors du "Saban Forum" organisé par le think tank Brookings Institution à Washington.
Théoriquement, selon le département d'État américain, le président doit décider d'ici lundi s'il renouvelle, comme l'ont fait -tous les six mois- tous ses prédécesseurs et lui-même une première fois en juin, une clause dérogatoire à la loi qui impose, depuis 1995, d'installer l'ambassade à Jérusalem. Ou alors s'il donne son feu vert à ce déménagement, comme il l'a promis durant sa campagne.
Mais selon plusieurs médias américains, Donald Trump pourrait attendre mercredi pour prononcer un discours sur le sujet -une échéance qui n'a pas été démentie par Jared Kushner. Des informations contradictoires ont circulé ces dernières semaines, mais plusieurs observateurs s'attendent à ce qu'il déclare Jérusalem capitale d'Israël, sans forcément aller jusqu'à y transférer immédiatement la mission diplomatique américaine.
Une décision symbolique, mais explosive: selon le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, elle "détruirait le processus de paix" que Donald Trump se dit pourtant déterminé à relancer -tâche colossale confiée à Jared Kushner.
Les États-Unis risquent de se "disqualifier" en tant que médiateurs, a prévenu le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erekat, tandis que les islamistes du Hamas ont menacé d'une "nouvelle Intifada". "Rien ne justifie cette décision (...) Cela ne servira pas la paix et la stabilité, au contraire cela nourrira le fanatisme et la violence", a mis en garde le chef de la Ligue arabe Ahmed Abul Gheit. Ce déménagement "bénéficiera à une seule partie, le gouvernement israélien qui est contre la paix", a-t-il ajouté.
Israël considère la Ville sainte comme sa capitale "éternelle et réunifiée", mais les Palestiniens estiment que Jérusalem-Est doit être la capitale de l'État auquel ils aspirent. Ce qui fait de son statut l'un des noeuds les plus épineux du conflit. La communauté internationale n'a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël, ni l'annexion de sa partie orientale conquise en 1967.
Mahmoud Abbas a tenté dimanche de mobiliser la communauté internationale pour peser sur la décision américaine. Il s'est entretenu notamment avec ses homologues français Emmanuel Macron et turc Recep Tayyip Erdogan, "pour leur expliquer les dangers que comporterait toute décision de transférer l'ambassade" ou "reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.
Donald Trump a récemment expliqué vouloir "donner sa chance" à la paix "avant de penser à déménager l'ambassade à Jérusalem". Mais son vice-président Mike Pence, attendu mi-décembre à Jérusalem, vient de réaffirmer que le transfert était "sérieusement envisagé". La décision présidentielle va-t-elle donc handicaper Jared Kushner? Le mari d'Ivanka Trump, âgé de 36 ans et dont la parole publique est rare, a pris soin dimanche d'en dire le moins possible sur sa stratégie pour réussir là où toutes les administrations américaines ont échoué: la paix entre Israéliens et Palestiniens.
"Nous pensons qu'on peut y arriver", a-t-il seulement assuré, vantant une équipe soudée qui parvient à imposer le silence radio sur ses intentions, alors que le président Trump s'est même gardé pour l'instant de soutenir la solution à deux États, c'est-à-dire la reconnaissance d'un État palestinien coexistant avec Israël. Il n'a pas davantage précisé quand un plan de paix serait présenté.
Celui qui a noué des relations étroites avec le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a toutefois laissé entendre qu'il entendait s'appuyer sur les autres acteurs arabes de la région. "La dynamique régionale a un rôle important qui recèle des opportunités", car "de nombreux pays veulent la même chose, des opportunités économiques et la paix pour leur peuple", a-t-il expliqué. "Ils regardent les menaces régionales et je pense qu'ils voient qu'Israël, leur ennemi traditionnel, est en fait devenu un allié naturel pour eux", a-t-il ajouté, évoquant un front commun contre l'Iran chiite ou la menace jihadiste.
Comme en écho au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui, dans un message vidéo au "Saban Forum", avait choisi de citer le prince héritier saoudien pour comparer le régime iranien à l'Allemagne nazie.