Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a annoncé mi-août le prochain dépôt au Parlement d'un projet de loi inédit dans le monde arabe pour rendre hommes et femmes égaux en matière d'héritage, un texte qui divise car il déroge à un principe inspiré du Coran. La loi tunisienne actuelle, qui s'appuie sur le droit islamique, prévoit qu'un homme hérite le double d'une femme du même degré de parenté.
La position d'Ennahdha, principal parti au Parlement et membre de la coalition au pouvoir, sur cette réforme de société est très attendue. "Nous allons militer pour donner à la femme son droit dans l'héritage parce que la femme continue à subir une injustice en Tunisie", a déclaré dimanche Abdelkarim Harouni, président du Majlis-al-choura, le parlement interne du parti, qui était réuni durant le week-end.
Mais il a assuré que cette réforme devait se faire "dans le cadre de la Constitution", qui prévoit que l'Etat est civil mais protège la religion. "Nous refusons tout projet contraire à la Constitution et aux textes catégoriques du Coran", a-t-il également ajouté, laissant donc le flou sur la position de son parti face à la réforme de l'héritage.
Lire aussi : Revue du web. L’égalité dans l'héritage en Tunisie vu par les internautes marocains
La formation attend de voir le texte exact du projet de loi pour prendre position, a indiqué Harouni à l'AFP.
Le projet de loi défendu par le président tunisien prévoit que l'égalité devienne la règle générale, mais que les citoyens désirant y déroger pour des motifs religieux ou autres, puissent le faire par le biais d'un acte devant un notaire.
L'égalité dans l'héritage fait partie d'une série de réformes sociétales proposées par une commission présidentielle chargée de traduire dans la loi l'égalité consacrée par la Constitution de 2014, adoptée dans la foulée de la Révolution ayant mis fin à la dictature.