L'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement tunisien) a voté, samedi soir, contre le renouvellement de confiance du gouvernement Habib Essid, qui en avait formulé la demande, il y a dix jours.Sur les 148 députés ayant participé à l’opération de vote, 118 ont voté en faveur du retrait de confiance, contre seulement 3 pour le maintien du gouvernement, tandis que 27 autres se sont abstenus.
Habib Essid avait besoin de 109 voix sur les 217 que compte l’Assemblée pour poursuivre sa mission, conformément aux dispositions constitutionnelles.
Après le retrait de confiance, le cabinet Essid se transforme de facto en un gouvernement de gestion des affaires.
Même s’il savait que les dès sont jetés après les positions hostiles exprimées par la majorité, M. Essid avait décidé d'opter pour un vote de confiance en vue de "préserver le processus démocratique".
Au début de cette longue journée de débats parlementaires, le chef de gouvernement a défendu le bilan de son équipe sur les engagements pris au premier jour de son investiture, en particulier en termes de lutte antiterroriste, de pouvoir d’achat et de paix sociale.
Par contre, l’écrasante majorité des députés lui a reproché de ne pas avoir fait preuve de "suffisamment d’audace et de sincérité" pour dénoncer la corruption, dont il s’est lui-même plaint, et prendre les décisions à même de sortir le pays de sa crise multidimensionnelle, qui a poussé le chef de l’Etat à prôner l’avènement d’un gouvernement d’union.
M. Essid avait refusé de présenter sa démission pour ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement d’union nationale, auquel avait appelé le président de la République Béji Caid Essebsi dès le 2 juin dernier.
Les dirigeants de la majorité avaient marqué leur désaccord avec la voie empruntée par Habib Essid avant de passer le flambeau, surtout quand il avait assuré avoir été menacé "d’être malmené" s’il ne présentait pas sa démission.