L'armée de l'air turque a immédiatement fait décoller des avions qui sont allés frapper en représailles des positions du PKK. L'attaque est survenue dans la province d'Hakkari. Dans une déclaration publiée sur le site internet de sa branche armée, le PKK a affirmé avoir tué 15 soldats dans "un acte de sabotage et plusieurs attaques".
Dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée a indiqué dans un communiqué que le PKK avait attaqué deux véhicules militaires dans le district de Daglica, situé dans la province d'Hakkari. "Deux de nos véhicules blindés ont été gravement endommagés par des engins explosifs rudimentaires placés sur une route", explique l'armée. "Certains de nos courageux soldats ont été tués par l'explosion et d'autres ont été blessés", ajoute le communiqué, sans fournir d'autres détails sur l'attaque.
L'armée a annoncé que quatre avions de combat, deux F-4 et deux F-16, étaient allés frapper en représailles 13 objectifs contrôlés par le PKK dans le sud-est de la Turquie. De nombreux "terroristes" ont été tués par ces frappes aériennes, a rapporté l'agence de presse turque Anatolie, sans donner de bilan précis.
Le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a convoqué dans la soirée une réunion de sécurité d'urgence à Ankara, en présence des principales autorités civiles et militaires du pays. Lors d'un entretien en direct à la chaîne de télévision privée A Haber, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan s'est dit "consterné" par l'attaque. "Les informations données par le chef de l'état-major sont de nature à nous attrister", a-t-il ajouté, sans donner lui non plus de bilan.
«Riposte décisive»
"Les conditions météo n'étaient pas favorables dans cette zone. L'incident s'est produit lors d'un nettoyage. Une attaque à la mine a été commise", a déclaré le chef de l'Etat, avant de promettre une réplique "très particulière et décisive". Les violences ont repris fin juillet entre les rebelles du PKK et les forces de sécurité turques. Elles ont fait enterré les discussions de paix engagées à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara pour tenter de mettre un terme à un conflit qui a fait quelque 40.000 morts depuis 1984.
Les attentats du groupe kurde et les opérations militaires de représailles se succèdent depuis à un rythme quotidien dans le pays. Deux policiers ont ainsi été tués dimanche lors d'affrontements avec des militants rebelles dans le district de Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie.
Selon un bilan provisoire cité par la presse progouvernementale turque, les affrontements ont tué depuis fin juillet plus de 70 soldats, policiers ou gendarmes et un millier de rebelles. Cette escalade de la violence intervient alors que le président Erdogan a convoqué des élections législatives anticipées pour le 1er novembre.
Lors du scrutin du 7 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis 12 ans au Parlement. Le chef de l'Etat espère que son parti la retrouvera en novembre pour continuer de gouverner seul et instaurer un régime présidentiel fort.
Dimanche soir, M. Erdogan a affirmé à la télévision que la recrudescence des violences entre le PKK et les forces de sécurité aurait pu être évitée si l'AKP l'avait largement emporté en juin. "Si un parti au Parlement avait obtenu 400 députés (sur 550) pour changer la Constitution, cela ne se serait pas produit", a-t-il dit.